Titre original: Beruseruku, issu du terme scandinave "Berserkir", désignant des guerriers rendus fous, meurtriers et invincibles par la rage.
Auteur: Kentaro Miura (auteur, dans la même veine, de Japan, empruntant la majeure partie de ses codes à Berserk lui-même, quoique sous la plume d'un co-scénariste différent)
Dynamic Vision et Samourai ayant respectivement arrêté leurs sorties aux 6 et au premier tome de la série (les éditions Samourai ayant été les premières à le publier en France, en 1996).
Année de sortie: Première publication au Japon (qui perdure depuis) en 1990 par la maison Hakusensha/Jet Comics, mais révélation et prépublication désormais dans le magazine Young Animal.

Autres éditions :

¤Hakusensha sur le territoire nippon, mais de très nombreuses maisons dans les autres pays où s'est exportée l'oeuvre ->
¤Dark Horse Comics en Angleterre (édition en retard de 10 tomes à l'heure actuelle);
¤Panini en Italie (62 tomes à son actif, et, c'est intéressant, à un prix adapté en conséquence, cela dû au fait que chaque tome ait moins de pages que les versions les plus triviales répandues hors de l'archipel nippon, toutefois ces tomes sont bel et bien à jour);
¤Planet Mangas en Allemagne, l'édition la plus à jour, tandis que d'autres proposent d'autres formats, comme Maximum, avec des volumes dotés d'un nombre double de pages par rapport aux éditions classiques, ou les collections Schuber, sous forme de coffrets de 5 volumes (mais très onéreux, et limités aux 25 premiers tomes à l'heure actuelle);
¤Mangaline Ediciones en Espagne (qui accuse un retard d'un volume par rapport aux éditions 'hors-japonaises' les plus à jour);
¤Daiwone en Corée du Sud, au même niveau des sorties que les éditions occidentales les plus à jour, et très peu chères (moins de 3 euros);


NB: Ces notifications vont à l'adresse de ceux aimant lire dans d'autres langues via l'import, bien entendu.



Résumé.

Berserk est un manga destiné EXCLUSIVEMENT à un public averti, d'au moins 16 ans, cela est un point incontournable. Sa violence totalement extrême, qu'elle soit morale ou physique, en fait une oeuvre, non seulement choquante, mais purement incompréhensible pour un public peu expérimenté (voir l'oeuvre au premier degré, c'est passer à côté de 70% du manga de Mr Miura).



Se déroulant sur trois périodes distinctes, Berserk nous conte l'épopée d'un homme, qui de sa naissance à sa fin doit lutter contre tout ce qu'un monde brimé par l'obscurantisme, la folie, et la prégnance de 'divinités' se gorgeant des ténèbres dans lesquels il se tourmente lui confronte inlassablement. Tant la mort que l'horreur, l'amour que l'espoir, le personnage, Guts, doit affronter ce que l'univers fort d'une sinistre farce lui envoie, autant qu'il lui subtilise, par le fer d'épées aussi imposantes que sa détermination à survivre, et le biais d'autres artefacts qu'il acquerera à un prix bien plus lourd qu'il n'y paraît.



Pour jouer cette triste Odyssée, la Fatalité se place dans un monde réaliste, composé de diverses nations et ethnies (on entrevoit des références aux cultures franques, anglaises, germaniques, italiennes, espagnoles, moyen-orientales et indiennes), le théâtre principal restant le royaume du Midland (en le plaçant sur une carte réelle, on le situerait entre la Bretagne, l'Italie et l'Espagne, du fait de 'références' utilisées), porté dans une atmosphère lugubre du XIIème ou XIIIème siècle. Dans ce contexte, l'univers dépicte, en les confrontant au protagoniste principal, les plus sombres spectres du passé et du présent: obscurantisme religieux, guerre, famine, viols physiques et moraux, inceste, cannibalisme, torture... sur fond d'ésotérisme, où corruption des êtres et des esprits marquent l'esprit d'un bébé à un homme, qui dès lors doit se battre pour résister aux turpitudes de ce monde nimbé de ténèbres, mais également, souffrant de la rage primale dans laquelle il se trouve muré, résister à la part d'ombre qui pose son empreinte sur sa nuque, pour rester, à défaut de ses congénères, humain. Quoique les trois premiers volumes ne soient qu'une mise en jambe, introduisant contexte et personnage, dès le quatrième on se trouve projeté dans la première période de l'existence du protagoniste, débutant par sa naissance, déjà marquée au fer rouge par la griffe du Destin, la plus sombre et ultime qui soit.



Quoique l'histoire, aussi saisissante que l'éclat vermeil d'une giclée de sang jaillissant sous le fil d'une lame vengeresse, fonctionne
pleinement, c'est bien le fond moral qui donne une incroyable force à Berserk, car en lieu et place de massacres unilatéraux s'enchaînant sans cesse, cette série a le mérite de pointer avec brio tous les tenants des situations présentées, même les plus terribles. Du viol au sacrifice, du meurtre le plus infâme au stratagème le plus destructeur en terme de valeurs et vies humaines, Miura, sans plonger dans la sensiblerie gratuite, met les thématiques à nu au sein de l'action et de l'histoire, nous laisse juge de la situation de notre position... et, pire, de celle du protagoniste principal, dont la passion ne nous est pas moins palpable qu'elle en est douloureuse (et en tant que lecteur assidu de pensées telles que celles d'un Nietzsche, je peux vous assurer que j'en ai passé du temps, fort de mes connaissances, à réfléchir aux situations que Miura m'a soumises).

Mais que ceux qui aiment à ne pas se prendre la tête 'inutilement' se rassurent... L'un des autres points sur lequel brille indéniablement Berserk est sa patte graphique. Proprement splendides, détaillés à l'extrême, personnages, lieux, équipements et vêtements, bâtiments... tout est d'une très grande beauté. Faisant fi de la simplicité à laquelle se laissent souvent aller, hélas, les mangakas, Mr Miura apporte à chaque dessin, chaque élément, des traits tout à fait uniques,superbes, et réalistes. Quoique le dessin ait fortement évolué depuis les tous premiers volumes (vous trouverez certains personnages étranges,et des problèmes de proportion dans les 3-4 premiers volumes, mais par la suite cela change, et c'est une part de la superbe du dessin que nous offre Kentaro Miura). Récompensée du prix Tezuka en 2002, la série s'est hissée juste à la suite de Vagabond, dont il partage la caractéristique de l'extrême originalité du dessin.



Ode magnifique à la dualité, aussi belle que prenante, Berserk est une série qui même si elle se réserve à une certaine catégorie de lecteurs mérite que l'on s'y essaye, pour peu que l'on sache prendre le recul nécessaire pour ne pas passer à côté de tous les détails, chacun si important, dont fourmillent les pages de chaque tome. Seinen puissant et complexe, à l'image de son protagoniste principal, Berserk offre une belle épopée, qui a le mérite de présenter à la fois saveur et originalité, réunis au sein d'un magnifique écrin témoignant de l'immense talent de dessinateur de Miura, dont vous pouvez admirer la beauté des sketches et crayonnés seuls dans des artbooks (ici la version française) de très bonne facture.

Il est à noter que parmi tous les produits dérivés qui en ont été issus(incluant en outre des jeux vidéos (Dreamcast et PS2), des cartes postales, cartes de collection, gashappon, peluches, pendentif ou montres), un anime a été réalisé sur la série, toutefois il s'avère assez différent, non pas au niveau des protagonistes et de l'histoire en général, mais dans la chronologie des évènements, voire la démonstration de scènes inédites (compensant avec les nombreuses ellipses réalisées), et le fait qu'elle s'arrête au niveau du 15ème tome (fin de la première période du manga). Toutefois, il est à noter également qu'avec l'anime et les jeux sont sortis divers
OST, avec de très belles musiques orchestrées par le génial Susumu Hirasawa.



En espérant vous compter très bientôt parmi les fans de cette sublime
série!
(un des meilleurs sites sur Berserk, administré avec brio par Lady)