Mano Solo

Mano Solo
par Mortback









  
 
 







 
 

Mano solo






Mano Solo, chanteur écorché vif et atypique, est mort à 46 ans, le 10 janvier 2009. Ce personnage peu connu du grand public a été souvent décrié comme le chanteur du Sida. Bien loin de cette définition, ce personnage a su m'émouvoir à plusieurs reprises à travers ces galettes.

D'une voix déchirante, il chantait le désespoir, la mort qui le guettait et le Paris populaire sur des mélodies tantôt sombres, tantôt entraînantes: Mano Solo, artiste écorché vif et atypique, atteint du sida depuis de longues années, et pourtant il a su lutter jusqu'au bout.

L'agonie et la passion pour son public

Mano Solo a été emporté par "plusieurs anévrismes", ont annoncé sa famille, sa compagne et sa collaboratrice.

Il avait été hospitalisé après son dernier concert à l'Olympia à Paris, le 12 novembre. "Il a lutté courageusement pendant deux mois et jusqu'au bout", a confié sa famille.
Cela ne vous rappelle pas l'Ami Alain Bashung ?

De plus, on a su que plus tard, son père ne supporta pas sa douleur, tomba dans un coma de plusieurs heures. Heureusement pour lui, il retrouva vite le soutien de ses proches.



Les facettes


Son oeuvre engagée et musicalement riche lui a valu trois disques d'or. Au fil de ses albums (une dizaine), il a réussi à marier la chanson réaliste et le rock indépendant, avec des sonorités variées issues du tango, du flamenco, de la java parisienne, de rythmes africains et du jazz manouche.

"Mano Solo, auteur, compositeur, interprète, incarnait les cultures du monde et une certaine idée de liberté", lui a rendu hommage le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.

Né Emmanuel Cabut en 1963 à Châlons-sur-Marne, il est le fils du dessinateur Cabu et de la journaliste Isabelle Monin, co-fondatrice du magazine écologique "La face de pet ouverte".

Il constitue un premier groupe de musique, "La Marmaille nue", qui donnera son nom à son premier album en 1993. Sur scène, où il excelle, Mano Solo devient un habitué du Tourtour dans le quartier Beaubourg à Paris.

Après "Les années sombres" en 1995, il enregistre un album avec un groupe punk, "Les frères misère".

Visage anguleux, look un peu punk - il était flanqué sur scène de sa chienne, un berger allemand - Mano Solo se situait "entre Damia et Tom Waits" comme l'écrivait Le Nouvel Observateur.

C'était un véritable poète du Paris populaire, à l'instar de Renaud 20 ans auparavant : il a chanté Barbès, la place Clichy, le canal Saint-Martin - avant que celui-ci ne s'embourgeoise...

"Putain que c'est beau la vie quand on r'monte sur Paris", chantait cet amoureux de la capitale. Il lui avait aussi rendu un bel hommage dans "Botzaris", avec la collaboration des "Têtes Raides".

De sa voix déchirante et vibrante, reconnaissable entre mille, Mano Solo le révolté parlait aussi du désespoir de toute une génération face aux échecs amoureux, à la drogue et surtout de sa détresse due au sida, dont il était atteint depuis la fin des années 1980.

Ces chansons étaient très noires dans les années 1990 mais la rage de vivre qui en émanait donnait de l'espoir, porté par des mélodies pleines de pêche qui faisaient guincher les salles de concert.

"Moi tu vois avant de crever, j'voudrai laisser couler de la morve d'un petit nez, un p'tit sourire, un p'tit bout d'éternité", chantait l'artiste qui n'a pas pu avoir d'enfants à cause du sida.

Dans les années 2000, à partir de l'album "Dehors", ses oeuvres étaient plus optimistes. Et le chanteur, soigné par la trithérapie, n'aimait plus qu'on lui colle l'étiquette du "chanteur du sida".

Certains de ses fans ont d'ailleurs considéré que ses chansons étaient, du coup, moins "à vif". Son dernier album, "Rentrer au port", est sorti en septembre 2009.



Toujours partant

Artiste engagé, il soutenait notamment une association d'aide à la population malgache.

Mano Solo était aussi peintre et dessinateur, et illustrait généralement les pochettes de ses albums.


Que retenir de Mano Solo ?!

Difficile de cerner ce personnage pour un novice dans la chanson française, pourtant chaque album est vraiment une oeuvre d'art, ces chansons à texte sont accentués en lisant le livret, empreint d'une vérité profonde.

La Marmaille nue semble être le choix idéal pour aborder Mano Solo afin d'écouter et reconnaître sa voix. Je retiens également "Dehors" qui reste un indispensable. « L'autoproduction, ça ne peut pas marcher. J'en ai vendu 2 800 par souscription et le distributeur du CD n'a pas fait son boulot. Je suis la preuve vivante qu'on ne peut pas se passer des majors. J'en ai marre de ces médias qui n'arrêtent pas de cracher sur elles. Sans Warner, Mano Solo n'existerait pas. Ces firmes, ce ne sont pas des mécènes, elles sont là pour se faire du blé. C'est normal que ces gens te jettent si tu n'es plus compétent à leurs yeux. Pourquoi devraient-ils garder ceux qui ne vendent plus ? Ceux qui ne rencontrent pas leur public doivent dégager, c'est tout. Il y en a marre de ces considérations. La presse est complice de ça. Il faut arrêter de se leurrer : oui, le piratage nuit à la diversité et Myspace, c'est pathétique, ça fait peur, ce n'est pas là qu'on trouve l'avant-garde. Et personne en France n'a été révélé grâce à ça. Le MP3, ce n'est pas faire la révolution, c'est fabriquer des chômeurs. » entretien auprès d'un qutodien Belge, le Soir

Pour ceux qui ont eu la chance de voir ce "Titi Parisien" sur scène, c'était du pur bonheur au même titre que Pigalle. Bref, Mano Solo va nous manquer.
Extrait de la Marmaille Nue, le titre le plus connu : Au creux de ton bras :
[flash(425,350)]http://www.youtube.com/v/REBBpmOZOFA[/flash]
La Bohême avec les têtes raides :
[flash(425,350)]http://www.youtube.com/v/3aPdEYd9rEA[/flash]
[flash(425,350)]http://www.youtube.com/v/7JgWcEyh7M4[/flash]
Cabu

 
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