Cambodge, S21 l

Cambodge, S21 l'Enfer au Paradis
par ana









  
 
 







 
 

Vous avez peut-être entendu que Kang Kk Leu alias Duch l’ancien dirigeant d’une prison d’état cambodgienne avait été condamné à la prison à vie la semaine dernière pour actes de torture, crimes contre l’humanité et j’en passe au tribunal du génocide cambodgien ?



Mais qu’est-ce donc que cette sinistre S-21 ?



En 1975, les alliés américains du gouvernement républicain du Cambodge quittent le pays sur une seconde défaite : après avoir échoué au Vietnam, les forces US renoncent à défendre le Cambodge contre l’avancée communiste des Khmers Rouges.

C’est à partir de cette année que le Cambodge va vivre en Enfer.

Le non moins connu dictateur communiste Pol Pot instaure un régime de terreur et des prisons sont ouvertes un peu partout dans le pays pour y regrouper tous ceux soupçonnés d’être des opposants au régime, autant vous dire tout ceux qui savaient lire, écrire, avaient eu un quelconque lien avec un pays occidental et pouvant être nostalgique de la vie d’avant ! Si ce « modèle » rappelle les décisions mises en œuvre par le gouvernement chinois de Mao, la violence absolue et gratuite qui sévit alors au Cambodge est sans comparaison.





Le lycée Tuol Svay Prey, surnommé ensuite Tuol Sleng ( « colline empoisonnée ») est dépouillé de son aura culturelle devenue inutile au Parti et transformé en prison d’état sous le nom de S-21.

Les prisonniers se succèdent par dizaines, accusés de tout et n’importe quoi. Jeunes et vieux, ouvriers et intellectuels, hommes, femmes et parfois enfants…






Des ressortissants étrangers parfois (Pakistanais, Anglais, Américains, Australiens, Canadiens, Indiens..). Le simple fait de porter des lunettes fait de l’individu une cible puisque cet objet anodin est l’étiquette de l’intellectuel !

Les anciennes salles de classe deviennent des salles de détention communes pour 50 personnes, vivant là, à même le sol.




On ne fait qu’une grâce : regrouper les familles. Les pieds des détenus sont attachés à des barres de fer alignées au bas des murs par le biais d’anneaux en fonte.




On photographie, numérote chaque nouvel arrivé.







Les gardiens avaient pour consigne de fouiller même les mourants demeurant allongés lors de l’appel au cas où ils cacheraient de quoi se suicider (un stylo pour se crever la gorge – fait avéré par témoignages -). Deux repas pas jour, bouillie de riz à chaque fois, à 8h et 20h, rien d’autre de la journée, pas même de l’eau. Les gens faisaient leurs besoins dans une boîte en métal qu’il fallait demander à un gardien.






D’autres salles de classe étaient bricolées pour aménager des cellules de petite taille destinées aux punis…1,5 mètre carré pour 3 personnes…


Enfin d’anciennes autres salles de classe plus petites étaient des salles de torture individuelles.
Les prisonniers étaient attachés à un sommier en fer et torturés jusqu’à ce qu’il y aveux, la question étant pour eux de deviner quoi avouer pour avoir la paix puisqu’ils ne savaient pas quoi ils pouvaient être répréhensibles…





Alors on les orientait : étaient-ils agents secrets pour le KGB ? La CIA ? Ou pour tout autre pays à régime démocratique, capitaliste, impérialiste ? Pour les femmes et filles, le viol était bien entendu la première étape d’une longue descente dans l’horreur.


Parmi les tortionnaires, on pouvait distinguer les « gentils », les « chauds » et les « mordants ». Suivant la force de résistance des prisonniers aux questions et à la torture, ils passaient entre les mains d’un gardien plus sadique… (sac plastique pour étouffer les détenus, lacération des chairs avec l’usage de pinces…).



Des témoignages tels que celui du rescapé Vann Nath, un peintre qui a exprimé ses douleurs passées sur ses toiles, les tortionnaires aimaient aussi employer des insectes voraces, piqueurs et mordeurs, des cuves pleines d’engrais, d’eau croupie au-dessus desquelles on pendait les malheureux par les pieds.

Entre les photographies prises lors de l’arrivée d’un prisonnier et celles prises à sa mort, on peine à reconnaître la personne (gorges tranchées, corps mutilés, décharnés par la faim).






Les registres Khmers étaient soigneusement tenus de sorte que le haut dirigeant sache combien les ennemis du Parti étaient éradiqués.

On a dénombré grâce à cette « administration » 10 500 prisonniers passés au moins 3 mois à S-21et plus de 2 000 enfants tués.

Comme le définissait la politique du Parti et son endoctrinement, les gardiens avaient entre 10 et 15 ans, eux seuls étaient purs aux yeux des nouveaux dirigeants de toute tentation ou influence de l’ancien régime. Le lavage de cerveaux fonctionnait de sorte qu’ils puissent tuer père et mère sans broncher.

Sur les 16 000 à 20 000 prisonniers de S-21 recensés, 7 sont ressortis vivants à la libération. S-21 avait son propre site d’extermination à quelques kilomètres, dit Choeung Ek, surnommé Killing Fields, les champs de la mort.

Les lieux sont aujourd'hui un musée à la mémoire de la souffrance, des morts et de ce qui n'aurait jamais dû être laissé faire...








Le film « S21, la machine de mort Khmère rouge » est un documentaire saisissant réalisé en 2003 par Rithy Panh, un rescapé des camps de travail qui a trouvé refuge en Thaïlande en 1979 mais a perdu le reste de sa famille.




On entend et voit dans ce film deux survivants de la prison, des membres du personnel qui récitent leurs macabres souvenirs comme si de rien n’était (un gardien, un photographe, un membre du groupe des interrogatoires…)…












Même si le temps est passé, savoir que l’un des monstres est envoyé entre quatre murs jusqu’à sa mort, c’est un apaisement…

Les justifications d'un boucher :





Pour en savoir plus, un très bon site : http://proceskhmersrouges.net/?p=563


Sources : Wikipédia, Google images, Youtube

 
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