Mitchell Eddy

Mitchell Eddy
par ana









  
 
 







 
 





Eddy Mitchell c’est une sorte de dinosaure de la chanson française, n’est-ce pas ? Mais un de ces rares spécimens encore en vie…

Qu’est-ce qui fait le succès de Mr Eddy ? Sans doute parce que c’est le premier rockeur made in France.

Eddy Mitchell est né le 3 juillet 1942 à Belleville, Paris. Dans cette époque troublée, notre grand chanteur en devenir portait encore le nom de Claude Moine.

Son père est employé de la RATP et le petit foyer n’est pas riche. Néanmoins, Papa Moine donne à son fiston le goût du cinéma, surtout les westerns des années 50. Le jeune Claude rencontre donc trois passions dont l’école est exclue : le cinéma, la BD et la musique.

A 14 ans, il se produit déjà sur scène, chantant au Golf-Drouot et restera dans le quartier de cette première discothèque rock française pour tous ses petits boulots dont le plus connu publiquement fut coursier pour une agence du Crédit Lyonnais. Donc lorsque Claude Moine n’est pas sur la scène du Golf-Drouot, il y écoute les autres. Et son admiration pour le tout nouveau Rock’n’roll, Elvis Presley et ses compagnons pionniers nourrissent le petit chanteur débutant.

En 1961, il prend le nom d’Eddy Mitchell, compilation bien sonnante en hommage à deux de ses idoles, Eddie Constantine et Robert Mitchum.





Le premier groupe rock français nait sous son leadership, les « Chaussettes Noires » dont il est la voix. Ils signent avec Barclays et enregistrent de beaux succès. Leur principal concurrent voit le jour peu après, les « Chats Sauvages » (Dick Rivers en chanteur et leader). Dès ces débuts prometteurs, Eddy arbore un look très US avec la banane, une voix chaude, un look soigné et rétro à la mode des Beattles.

Bon j'ai trouvé que les ballades...






En 1963, le groupe se sépare et Eddy devra même faire face à une action en justice menée par deux de ses anciens équipiers dont il sortira vainqueur.

Mais Eddy Mitchell ne perd pas de temps pour se lancer en solo. Il enchaîne les albums dès qu’il est libéré de son service militaire.

En 1965, il tape dans un répertoire très Rythm’&Blues comme on l’entend sur l’album « Du Rock’n’roll au Rythm’n’blues ». Ses grands maîtres sont alors Otis Redding et James Brown et le fait est qu’Eddy a une voix qu’il peut plier à pas mal de registres différents. Mais la France n’est pas encore prête pour cet autre nouveau son et Eddy connaît des hauts et des bas.

On ressent l’inspiration de ses futurs grand succès dans l’album « Sept Colts pour Schmoll », pas tant à cause de la musique, mais parce que l’intérieur de la pochette présente une mini BD dans laquelle il est cow-boy maladroit et comique défendant son honneur et parce que le surnom de Schmoll lui collera à la peau comme celui du futur Mr Eddy !




Dans les années 70, l’aventure rock française se casse les reins sur la vague disco et Eddy Mitchell ne fait pas exception. Comme ses camarades de promo yéyé-rock frenchie, il galère à garder sa place et à s’adapter au nouveau son… Il se casse le nez dessus d’ailleurs et ses amitiés ou quelques collaborations avec Polnareff ou reprises de grands tubes US (Stevie Wonder) n’y changent rien. Pendant que Barclay le poursuit pour qu’il reforme un groupe sous prétexte que les rééditions des albums des « Chaussettes Noires » se vendent bien, Eddy Mitchell comprend le message autrement : sa voie à lui c’est le rock tout bonnement mais il lui manque une patte personnelle.



Message reçu, il part pour Nashville, capitale du Rock et de la Country en 1974. Il a l’inspiration, écrit et enregistre sur place. La magie opère et Eddy Mitchell trouve son style, celui qui se classera au sommet français et ne le trahira plus.




Les tubes s’enchaînent, tous avec une consonance US, rock ou même country : « Rocking in Nashville », « Sur la Route de Memphis », « La Dernière Séance », « A Crédit en Stéréo », « C’est La Vie Mon Chéri ». Le rythme est là, très pur rock des années 50, avec un minimum d’effets sonores, juste des instruments bien placés sur des notes qui font mouches portées par une voix unique.






Satires sociales images de ce qu'il a aussi vécu :

Merci je tombe du lit
je n'ai pas dormi de la nuit
ce matin il fait très moche
dans ma tête résonnent des cloches
hier j'ai bu pour oublier
que pour vivre il faut travailler.
Ma brosse à dents ne rase pas
parce que le dentifrice ne mousse pas
le ketchup dans le café glacé
a du mal à me réveiller
dans la rue les marteaux piqueurs
commencent à chanter en douceur.
Je n'ai pas d'eau chaude dans mon bain
j'y fait refroidir mon grille pain
c'est vraiment une journée de chien
trois factures rien que ce matin
dans la rue les marteaux piqueurs
sonnent ensemble et chantent en coeur
C'est la vie mon chéri...
La fille qui est dans mon lit
s'étire, s'éveille et me sourit
je laisse tout tomber ce matin
j'ai trop besoin d'un gros câlin
dans la rue les marteaux piqueurs
nous accompagnent avec ardeur.













Quand Eddy se laisse aller à la Country, c’est en suivant à la lettre les codes US entendez la ballade qui conte une petite histoire, souvent de coeur : « Il Ne Rentre Pas Ce Soir », « Tu Peux Préparer le Café Noir ».



Ce style crooner s’éveille plus encore dans les années 80 et les tubes défilent, toujours avec cette tendance Country-Rock de raconter quelque chose : « Couleur Menthe à l’Eau », « Pauvre Baby Doll », « Le Cimetière des Eléphants », « La Peau d’un Autre »… Mais pointent d’autres textes.

[..]Elle rêvait qu'elle posait
juste pour un bout d'essai à la Century Fox.
Elle semblait bien dans sa peau
ses yeux couleur menthe à l'eau
cherchaient du regard un spot le dieu porjecteur
et moi je n'en pouvais plus
bien sur elle ne m'a pas vue,
perdue dans sa mégalo,
moi j'étais de trop[...]
Mais un type est entré
et le charme est tombé
arrêtant le flipper.
Ses yeux noirs ont lancé
de la graisse évitée sur le pauvre juke box
La fille aux yeux menthe à l'eau
a rangé sa mégalo
et s'est soumise aux yeux noirs
couleur de trottoir
et moi je n'en pouvais plus
elle n'en a jamais rien su
la plus jolie des mytho
couleur menthe à l'eau.










Si les textes d’Eddy Mitchell manient les mots de la langue française avec style, humour, poésie, ils expriment souvent les mêmes choses. Sauf lorsqu’il s’aventure sur un autre terrain. Car Mr Eddy se laisse parfois porter par ce qu’il garde au fond de lui.



M'man
j'viens tout juste d'avoir mes 14 ans
j'veux plsud 'école
j'suis devenu grand
j'te promets j'te gagnerai plein d'argent
M'an
j'viens d'fumer ma toute première Weekend
sur les fortifs ou t'aime pas qu'ch'traîne
je m'serai tué plutôt que d'refuser
Y a pas qu'les mères qui font les enfants
la zone la rue coulent dans mon sang
M'an
[..] m'en veux pas mais maintenant j'ai choisi
M'man
J'comprends mieux le regard des passants
j'vois pas comme eux j'pense tout en grand
en couleurs et sur un écran blanc


« M’man » est la première chanson très personnelle dont les paroles laissent perler un sentiment d’adolescent qui a grandi sans beaucoup d’argent mais avec de grands rêves… Ou encore « Soixante Soixante Deux » dans laquelle il dénonce les abus de la guerre d’Algérie et ses ravages sur la jeunesse.



[..]Saluer l'drapeau en s'levant,
dire que d'la France chuis l'enfant,
j'veux des médailles, j'veux des batailles
y laisser ma vie.
Y a pas qu'le sable qui sent l'chaud
y a surtout l'grain de ta peau.
Apprendre à tuer quand j'veux t'aimer
et rester ici.
Tous dans l'même bateau,
j'préfère les naufrageurs,
l'Algérie c'est beau,
mais vue du sacré coeur.
Soixante soixante deux,
quelque part ça m'fait peur
Soixante soixante deux
y avait pas qu'des rockeurs
Terrorisme et OAS
infos d'époque RAS[...]



Entre 1963 et 2010, Mr Eddy a enregistré 35 albums sans oublier 14 live.










Les influences d’Eddy Mitchell sont donc les hautes figures du Rock US pur et dur : Gene Vincent, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Elvis Presley, Buddy Holly, Ray Charles, Eddie Cochran, Bill Haley… et nombre de ses titres rappellent qu’il est un grand admirateur d’une certaine part de la culture US : « Sur la route de Memphis », « Rio Grande », « Les tuniques bleues », « Un portrait de Norman Rockwell »… On comprend qu'il ait été nommé Ambassadeur du Tennessee en France et citoyen d'honneur du Tennessee...



En 2009, il a annoncé que la tournée de 2010/2011 serait la dernière car il estime qu’il est trop vieux pour être encore un chanteur de scène. Ce qui ne l’empêche pas de sortir un album de reprises de plus grands génériques de ciné américains « Grand Ecran », traduits en français et franchement très bons.



L’autre facette de Mr Eddy c’est naturellement le cinéma. Et oui, ce rêve de gamin approché alors qu’il présentait l’émission « La Dernière Séance » sur la FR3 (toujours un dessin animé, un vieux western de qualité et un classique en fin de soirée, de sa sélection et toujours bien !). Par de petits rôles d’abord, Eddy Mitchell s’est doucement fait une place dans le cinéma français et si on a tendance dans notre pays à vouloir cataloguer les gens dans une seule et unique boîte, Mr Eddy n’y entre pas tant il se débrouille bien devant la caméra… pour un certain Aznavour d’ailleurs. Pour exemples marquants, je vous citerai « Coup de torchon » (nomination César Meilleur acteur second rôle), « A mort l’arbitre », « Autour de Minuit », « Un père et passe », « La Cité de la Peur », « Tanguy », « Un printemps à Paris »… Sans omettre le Théâtre et la Télévision (« Emilie Jolie »).




Mr Eddy, j’ai grandi avec ses chansons et j’ai toujours aimé ses textes et sa musique. Il est une figure incontournable de l’héritage musical français qui n’a jamais trahi ni son public ni son style enfin trouvé !



Chapeau bas, Mr Eddy !





Albums incontournables : « Sept Colts pour Schmoll », « Rocking in Nashville », « Made in USA », « Sur la Route de Memphis », « La dernière séance », « Le Cimetière des Eléphants, « Racines », « Eddy Mitchell Paris », « Mr Eddy », « Rio Grande ».


Sources : mes oreilles ^ ^, Google images, Youtube, Wikipédia.




 
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