Freesia

Freesia
par ana

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Collection :
Nombre de volume en France :
Nombre de volume au Japon :
Version animée :

  
  

idem 
MATSUMOTO Jirô
thriller 
seinen 
2010 
Kazé manga 
seinen
8 (en cours) 
12 (série terminée) 
non mais film live 

 
 






Résumé.




Un Japon contemporain mais perturbé par un état de conflit ouvert avec l’Occident. Dans cet état d’instabilité politique et surtout sociale, les forces représentant l’autorité sont mobilisées pour la guerre et il manque du personnel pour faire régner l’ordre sur le territoire. Le gouvernement prend donc une décision extrême : créer un comité d’exécution de vengeances. Le principe sera que toute victime ou ses proches si elle n’est plus en vie, pourront avoir recours légalement à un tueur pour exécuter leur vendetta, tout ceci englobé dans une procédure légalisée incluant un jugement rendu, l’annonce de la sentence au condamné et son exécution par des professionnels.




La question se pose du recrutement de ce personnel… Ceux qui sont formés et en place étant mobilisés par le conflit, on recrute. Bien évidemment, ceux qui sont retenus sont particulièrement déséquilibrés et ne sont pas plus moralement irréprochables que leurs futures victimes. C’est ainsi qu’Hiroshi, un jeune homme suffisamment perturbé pour parler seul dans un lieu public, ignorer l’horrible femme qu’est devenue sa mère et laisser sa petite amie s’offrir au premier venu sous ses yeux sans dire un mot ou s’étonner de l’incongruité de la situation.







Le fait est qu’Hiroshi vit dans un autre monde, il est froid, indifférent à tout, il exécute ses contrats sans broncher, appliquant ses consignes avec la sensibilité d’une machine. Au sein de son département de tueurs assermentés, il croise d’autres types bizarres, l’un d’eux aime visiblement tuer et jouer les redresseurs de torts alors qu’il n’est qu’un boucher comme les autres et un autre encore répugne à tuer, même des gens qui semblent l’avoir mérité…

Dans cet environnement aussi fou que le monde l’est devenu, Hiroshi évolue et sombre encore, au fil de missions de plus en plus dangereuses et peut-être motivées par autre chose qu’une mécanique légale… Mais Hiroshi n’a pas encore livré ce qu’il cache au fond de lui.











Avis.




Accrochez vos ceintures car « Freesia » est un seinen pur et très dur… Si on pense immédiatement à « Ikigami » en lisant les premières lignes de ce résumé, je vous assure qu’on glisse rapidement vers quelque chose qui fait bien plus froid dans le dos tant l’auteur de complait dans le malsain.




La logique ciblée et la mécanique bien huilée d’ « Ikigami » s’évapore rapidement avec « Freesia ». La première scène est celle d’un viol collectif, puis on tombe sur ce type d’allure banale mais qui parle réellement tout seul à une femme sortie de son subconscient… elle-même se présentant quelques pages plus loin sous une autre identité. Mais ce sosie, semble t-il tout droit sorti de la tête d’Hiroshi, n’est pas là par hasard… Voilà, vous avez un exemple parfait de ce qu’est « Freesia » : une suite de pistes qui ne mènent pas immédiatement à des réponses mais laissent planer un quelque chose qui vous titille l’imagination et s’affirme tout doucement au fil des tomes.

L’évidence est que le scénario de Jiro Matsumoto est surprenant car il change de point de vue selon les tomes pour mieux développer les personnages principaux et amener vers une vérité insidieuse et dérangeante que l’on peine à imaginer tant elle pourrait être dans le ton général du manga : odieuse. Et oui, je ne vous cache, rien, « Freesia », au contraire de son titre qui est d’abord celui d’une espèce florale colorée, est sombre, glauque, sale, suinte le malsain, le vice, tout ce que l’homme peut recéler de pire en lui, en sa nature profonde dès lors que les barrières sociales, morales, sont baissées sous le couvert mensonger d’un bien à venir pour le plus grand nombre. Voici le message général de l’auteur qui dépeint une société japonaise tombée très très bas, hantée par ses fautes et ses regrets, par le sang versé au nom d’une cause imaginaire et glaciale.



Ce scénario qui ne cesse de surprendre, dans le genre bondir dans son fauteuil et sentir ses veines rétrécir, est mené tambour battant par un graphisme sali, proche du crayonné, sombre et accentuant les détails sordides (scènes de tueries, de baston, de sexe). Il semble que l’imperfection du trait doive souligner l’imperfection du monde de « Freesia », sa tendance paranoïaque et schizophrène tout en présentant un découpage idéal suivant le rythme des épisodes. Les scènes d’action qui sont nombreuses tiennent en haleine à tous points de vue et il est intéressant de voir combien le style graphique est dévoué au scénario et à ses facettes.





« Freesia » n’est pas un manga à mettre entre toutes les mains, certes, et on peut être totalement rebuté par sa lecture pourtant, c’est une histoire très bien construite qui dérange parce qu’elle dévoile ce que l’on préfère ignorer. Que serait une société au cœur de laquelle certains humains déviant seraient absouts de tout ?





Du même genre : « Ikigami » pour le côté intrigue socialo-politique, « Wolf Guy » pour l’aspect violence acharnée, « MPD Psycho » pour la personnalité multiple et imprévisible du héros.



 
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