Dracula

Dracula
par ana

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Origine :

  
  

Bram Stoker’s Dracula 
Francis Ford Coppola 
Columbia Pictures, American Zoetrope 
Columbia Tristar
Gary Oldman , Keanu Reeves, Winona Ryder, Anthony Hopkins, Tom Waites, Sady Frost… 
horreur, fantastique, drame, romance 
1992 
USA 

 
 




Scénario : James V. Hart, John Veitch d’après le roman de Bram Stoker
Musique : Wojciech Kilar, Annie Lennox (générique fin)
Durée : 127 min





Résumé.






1492.

La Transylvanie, aux portes de l’Europe. Le comte Vlad Dracula part en guerre contre l’invasion des Turcs, laissant en son château natal sa fiancée, Elizabeta. En dépit du surnombre d’ennemis, Dracula remporte une victoire sanglante au nom du Christ, empalant ses adversaires sur des pics à perte de vue, dissuadant ainsi tout renfort de poursuivre l’effort de conquête. Furieux, les Turcs propagent la fausse rumeur du décès du comte. Elizabeta entend la triste fausse nouvelle et se suicide, incapable de vivre sans son amour. A son retour, Dracula trouve Elizabeta morte, les prêtres refusent de l’enterrer ou même de seulement célébrer une messe pour ses funérailles : elle s’est donné la mort, elle est vouée aux Enfers. Fou de rage et de chagrin, Dracula renie l’Eglise et Dieu, appelant à lui les forces du Malin : il souhaite vivre au-delà des limites humaines et jure de venger la mort perfide de sa fiancée.



1897. Londres.

Jonathan Harker est un clerc de notaire sans fortune qui se voit offrir une chance inouïe : représenter son cabinet auprès du comte Dracula. Ce dernier veut acheter des terrains et des propriétés dans la ville mais ne peut se déplacer. Il a donc demandé au notaire de lui envoyer un de ses employés afin de conclure l’affaire chez lui, en Transylvanie. Récemment, Mr Renfield avait été missionné pour cette tâche mais il a eu de graves problèmes mentaux et a dû rentrer sans avoir accompli sa tâche. Jonathan est enthousiaste : grâce à cela, il espère obtenir une promotion et pouvoir décemment épouser sa fiancée Mina Murray.


Lucy, la fille noble et son amie, la discrète Mina Murray.


La jeune femme est institutrice mais a des amitiés dans la noblesse aussi Jonathan veut-il se montrer digne d’elle. Après une visite à Mina, il embarque donc pour un long périple et atteint la petite ville du rendez-vous avec le cocher du Comte. Bien que les lieux soient mystérieux, froids et que l’attelage présente une allure étrange, Jonathan met ses impressions sur le dépaysement. Mais dès qu’il pénètre le château, est mis en présence du comte, il pressent que les choses sont bien ce qu’elles semblent : anormales. Au fil des semaines qui passent, il rempli sa mission au mieux et l’attitude du Comte passe de la sympathie à la colère sans raison apparente suivant les conversations.



Jonathan et le Comte



Lorsqu’ils parlent de Mina, le regard du Comte change. Peu après, Jonathan est témoin de scènes qui lui ouvrent les yeux : il est prisonnier d’une créature diabolique qui se nourrit du sang de ses semblables. Tandis qu’il est laissé pour mort entre les griffes des serviteurs du Comte, ce dernier part pour l’Angleterre. Il a vu en Mina la réincarnation d’Elizabeta. Mais parviendra t-il à voler son cœur ? Ou devra t-il user de ses pouvoirs maléfiques pour la conquérir ?










Bande annonce en VO à voir ici :




Avis.




En créant « Dracula » en 1897, Bram Stoker a suivi la mode littéraire de son époque qui a vu naître « Frankenstein », « L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde », « Les portrait de Dorian Gray »… On peut aussi y sentir le goût du sang colporté par une affaire qui fit les choux gras de la presse londonienne : Jack l’Eventreur.

Malgré cela, le roman original recèle une grande richesse dans sa variété thématique, ce qui explique le grand nombre d’adaptations cinématographiques aux scénarios tout aussi divers depuis le fameux « Nosferatu » de 1922.

On a d’abord un personnage historique (Vlad Tepes, « Vlad III l’empaleur », prince de Vlachie au 15e s) et un lieu d’origine réel, ensuite une légende qui explore à la fois le surnaturel et la terrible humanité du personnage.

On a donc un héros à tendance satanique, qui se repaît de la mort des mortels puisqu’il se nourrit de leur sang, mais aussi un homme damné, qui ne peut mourir et reste torturé par cette immortalité qu’il finit par regretter et par le souvenir de son amour perdu. Prisonnier de sa destinée, Dracula erre entre regrets et avidité, entre désir et expiation, entre la vie et la mort, entre son passé et son présent, entre le Bien et le Mal. Son charme est cette nature de non mort qu’il a réclamé par vengeance, qui le ronge et fait de son existence un calvaire, une sorte de punition à la fois divine (le rejet) et maligne (obligation de tuer) dont une seule personne peut le sauver : Mina. La réincarnation de son amour perdu est la clé de sa rédemption mais encore faut-il qu’elle en accepte les conséquences, qu’elle accepte ce qu’il est et lui rende un même amour…



C’est sur ce thème que Coppola a choisi de travailler, les scénaristes ayant repris même des dialogues entiers du livre original, à tel point qu’à la lecture, on voit se superposer le film.



Exit les Dracula mordeurs qui ne cherchent que l’apaisement de leur soif au cou de jolies créatures (vision transportées par les incarnations de Christopher Lee) et détestent tout ce qui est masculin, et bonjour l’anti-héros que l’on voudrait haïr et craindre mais qui fini par nous attendrir.

Pour incarner le bonhomme, le choix de Gray Oldman fut à la fois très futé et original. Cet acteur parfait habitué du théâtre, connu grâce à des films indépendants anglais n’avait alors que peu accepté de jouer dans de grosses productions hollywoodiennes. Son premier rôle du genre était celui de Lee Harvey Oswald dans « JFK », Dracula fut le second. La palette émotionnelle d’Oldman est telle qu’il retranscrit un vampire torturé, assoiffé de sang et d’amour, avec une crédibilité rare, et ce malgré un maquillage très épais pour la moitié des scènes. Son accent slave est sans fausse note, son jeu est très fin, il montre un Dracula à multiples facettes, tel qu’il est créé par Bram Stoker.



Dracula sous son aspect de vieillard... déjà très inquiétant.



Dracula sous son visage d'homme du monde, séduisant mais mystérieux.



Vient ensuite Winona Ryder, toute fragile, un rien innocente, naïve mais masquant bien des appétits et des passions pour la vie qui se révèle au contact du monstre qui se fait habilement passer pour un humain dans le but d’approcher le fruit de son amour sans l’effaroucher. Elle est une Mina fidèle au livre, de caractère fort mais timide, hésitant à se dévoiler aux autres par crainte de décevoir, d’être jugée jusqu’à ce qu’elle rencontre l’âme sœur qui l’accepte telle qu’elle est. Alors seulement elle devient la clé de la rédemption.




Keanu Reeves n’avait pas encore eu de vrai rôle et celui de Harker n’est pas encore un succès. Il est certes convainquant mais le personnage en lui-même n’est guère attirant : maniéré, hésitant, empreinté, faible, il ne parvient à surmonter ses faiblesses qu’en fin d’histoire et ce la ne dure pas longtemps. Disons que c’est un rôle plutôt ingrat et qu’il a fait de son mieux avec.







La surprise vient de la présence d’Anthony Hopkins. On avait été habitués à un Van Helsing très british, en costume impeccable et manteau long, celui des films avec Christopher Lee justement ! Sous les traits d’Hopkins, le traqueur de vampire devient un homme un peu fatigué mais robuste, qui ne s’encombre ni des bonnes manières, ni d’une garde robe soignée et s’amuse à draguer les jeunes filles timides telles que Mina.




Avec une barbe de trois jours, une cape mangés par les mites et un accent qui se veut digne du nom de Van Helsing, il incarne un scientifique loufoque qui est le seul assez dingue de son époque pour arriver à concevoir l’existence du vampirisme et des non-morts avides de sang.




Côté décors, costumes, lumières, mise en scène, l’ensemble est un film très élégant, aux ambiances respectant à la lettre l’âme du roman, tout y est depuis les falaises transylvaniennes rougies par un soleil de sang jusqu’aux rues encombrées et crasseuses d’une Londres qui change et s’ouvre au progrès.





On passe de l’asile gris et angoissant au jardin luxuriant de la meilleure amie de Mina, la belle et frivole Lucy.



Mr Renfield à l'asile...


Le jardin chez Lucy

Les effets spéciaux, pour l'époque, sont remarquables, quelques jeux avec la caméra, une touche de maquillage, une scène de bataille en ombres et lumière rouge sang, des monstres bien articulés et des transformations radicales (Dracula en loup avide, puis en chauve souris géante, Lucy en vampire) donnent toute la dimension horrifique nécessaire.


Elle est maintenant MA promise !



Une jolie jeune fille devenue suceur de sang!


Dracula en loup garou


L’entrée en matière du film a un impact immédiat sur le spectateur, on y voit comment est né le vampire Dracula et on est tout de suite touché par le pathos, le drame de son existence maudite.


Très théâtral mais qui jette les bases du film et de l'ambiance !


La musique enfin est au diapason. Les compositions sont dans le ton, sinistres, gothiques et d'une maturité lyrique qui illustre le film avec brio.
La clarté du générique de fin chanté et composé par Annie Lennox (des Eurythmics) tranche avec l'horreur et le drame qui vient de se dérouler sous nos yeux.












Je pourrais encore vous en parler longuement mais le fait est que cette version de « Dracula » est une de meilleures que j’ai vues. Pour celles et ceux qui aiment les aspects romantico-dramatiques autant que le côté sombre et horrifique du personnage !






 
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