American gangster

American gangster
par ana

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Année de sortie :
Origine :

  
  

idem 
Ridley Scott 
Brian Grazer Ridley Scott 
Imagine entertainment, Scott Free, Universal
Denzel Washington, Russel Crowe, Chiwetel Ejiofor, Josh Brolin, Ted Levine, Clarence Williams III… 
policier, suspense, thriller 
2007 
USA 

 
 





Scénario : Steven Zaillian
Musique : Marc Streitenfeld
Durée : 157 min




Résumé.



New York, hiver 1968. Pendant que les Etats-Unis s’embourbent dans la guerre du Viêt Nam, la pauvreté poursuit sa lente avancée dans les foyers des plus modestes et le quartier de Harlem ne fait pas exception. Il est, de ce fait, le royaume de la pègre italienne et française depuis la mise en place de ce que les services d’Interpol ont surnommé le « French Connection ». Le trafic de drogue est le mot d’ordre et tout acteur qui veut se faire une place dans ce milieu passe par les italiens. C’est le cas de Bumpy Johnson. C’est un parrain noir, un homme né à Harlem qui en aime les habitants. Il sait être sans pitié en affaires tout comme il peut être généreux avec les démunis, offrant de quoi manger les jours de fêtes nationales ou imposant des loyers bas dans « son quartier ». A ses côtés, un seul homme a toute sa confiance, Franck Lucas. C’est son chauffeur, son bras droit, Bumpy lui a tout appris : respecter mais surtout se faire respecter. Lorsque Bumpy meurt, son territoire devient l’appât d’une petite guerre qui pousse dealers et petits mafieux locaux à jouer au plus fort. Mais tous sont tenus par un système vicieux : c’est la police de New York qui tire les ficelles.



Mention spéciale pour Josh Brolin, un acteur décidément attaché aux très bons seconds rôles !


Ce sont des flics ripoux qui ont la main mise sur la drogue de la « French Connection » depuis que le réseau est tombé. A présent, eux seuls revendent aux dealers en échange d’un gros pourcentage.



La fratrie de Frank Lucas prête à prendre possession de Harlem





Fort de ce qu’il a appris, Franck Lucas décide de créer son propre business sans tomber dans le même piège que son maître et ceux qui voudraient sa place. Pendant qu’il rumine une idée audacieuse et risquée, Richie Roberts, un flic des stupéfiants qui refuse toute corruption et se retrouve donc au placard, tente de suivre des cours pour devenir procureur.





Sa vie de famille part en vrille et sa carrière tombe au point mort mais il tient bon, s’accroche à ses convictions.
Une nuit, la morgue lui annonce le décès de son coéquipier et Roberts tombe nez à nez avec un sachet dans les affaires du défunt. L’innocent petit objet a contenu de l’héroïne, de la « Blue Magic ». En un temps très restreint, cette nouvelle héroïne dont personne ne peut expliquer la provenance envahit les rues, et anéanti le marché des concurrents de Franck Lucas. Cette « Blue Magic » est la plus pure héroïne jamais mise en circulation. Et pour cause : elle vient directement du Viêt-Nam. Pour une fois, sa réputation d’incorruptible va lui servir car Roberts se voit confié la mission de démanteler ce nouveau réseau. Mais la tâche ne sera pas aisée : pleins d’à priori, aucun des hommes qu’il choisit pour équipier n’imagine qu’un noir peut-être à la tête de ce nouveau marché, empiétant sur le territoire de toutes les mafias !










Avis.






Après déjà deux films avec son nouvel acteur fétiche, Ridley Scott offre deux rôles d’égale force à Russel Crowe et Denzel Washington. Et une adaptation d’une histoire vraie.







Frank Lucas, un noir américain issu d’une famille pauvre qui avait subi les persécutions raciales dans son enfance et gagné New York pour y devenir un gangster sous la houlette de Bumpy Johnson a réussi là où aucun noir n’avait jamais réussi : il est passé outre les filières installées de la drogue pour créer son propre « business » en toute indépendance, faisant même en sorte que ses concurrents viennent vers lui pour lui proposer des associations. S’il est parvenu à ce tour de force c’est par la mise en place d’un approvisionnement inédit : la source asiatique. Alors que des jeunes américains se faisaient tuer au Viêt-Nam par la seule volonté politique d’un anti communisme aveugle, Lucas s’y est rendu pour profiter de la production locale d’héroïne, perdue dans la jungle, alimentant déjà les veines des soldats coincés dans cet enfer depuis des mois. Affaires faites, Lucas a très vite anticipé que ses coûts d’achat et de transport (je ne vous en dis pas plus, c’est la surprise sur le gâteau du film) seraient si inférieurs à ceux de ses concurrents qu’il a vendu sa drogue à des prix imbattables, anéantissant la main mise des italiens et de la police corrompue. Sa grande force si je puis dire fut son audace et le fait qu’il a su rester discret pendant des mois, tandis que tous deux qui cherchaient la source de cette nouvelle drogue pas chère et de qualité supérieure n’imaginaient pas du tout qu’un noir puisse en être le super patron. Tous sauf Richie Roberts.





Pendant le film, les chemins de ces deux hommes / acteurs ne se croisent presque jamais si ce n’est dans leurs actions ou les intermédiaires qu’ils rencontrent. Ce montage, ce scénario en parallèle et pourtant en parfaite symétrie fait lentement entrer Roberts dans la vie de Lucas jusqu’à ce que le flic démonte le masque du chauffeur fidèle à son vieux maître décédé.

Cette double axialité en transparence montre l’ascension d’un parrain, son succès en tout (amour, affaires) tandis que celui qui le traque se heurte à tous ce que la vie peut lui lancer dans les jambes (ripoux, infidélité, divorce, tentatives de corruption, perte de crédibilité dans son travail, efforts de mois entiers réduis à néant). Mais tout aussi lentement, ces deux hommes que rien ne lie en dehors du crime vont se trouver. Et cette rencontre va être de l’ordre du donnant-donnant. Pour la première fois Lucas se trouve face à un mur d’incorruptibilité et Roberts a enfin sa chance (de flic, il devient procureur et poursuit Lucas en justice pour l’Etat de New York).




De leur improbable association va naître une amitié ambigüe puisqu’après avoir tout fait pour mettre Lucas en prison, Roberts démissionnera de son poste de procureur et deviendra l’avocat de Lucas, payant même les études de ses enfants.



Les véritables Frank Lucas et Richie Roberts, aujourd'hui.


Ce qui est parfaitement montré avec le scénario c’est que ces deux hommes ont un point commun : le respect des règles, quelles qu’elles soient, même d’un milieu à un autre, elles prônent sur tout.



Le jeu de Crowe et de Washington à lui seul vaut le visionnage. Ils sont parfaits, campent leur personnage avec une justesse évidente mais qui donne corps à cette histoire sombre.




Washington est sans partage, sans conscience, froid car il campe un être qui n’écoute que la voix de ses propres convictions. Crowe est à l’aise dans le costume de ce flic bourru entêté qui s’égare en tout sauf lorsqu’il s’agit de son job, sacrifiant tout à sa seule cause.




Rythmant son film avec une bande son idéale, Ridley Scott nous montre un New York des seventies à mille lieues de la sympathique vision que l’on peut s’en faire lorsque l’on est fan de rock, de mode, de l’énergie qui animait prétendument les jeunes de cette époque (un peu mon cas). On ne voit pas ici la « big apple » sous les lumières pleines d’humour à la « Starsky et Hutch » mais une crasse qui reflète le désespoir de générations oubliées au profit d’une guerre sans raison autre que l’orgueil d’un gouvernement à l’agonie. Cette déferlante de drogue meurtrière avait une clientèle avide depuis les campements américains basés au Viêt Nam jusque dans les rues des grandes citées US. On passe de l’autre côté du miroir en quelque sorte : les taudis, les drogués prêts à tout pour une dose, les trafics, les ripoux abjects… On remonte le temps et l’on visite une face cachée de l’Amérique contemporaine. L’ascension et la chute du parrain Lucas est le reflet de ce qui gangrénait alors le colosse argileux.





A voir absolument, ne serait-ce que pour compléter votre culture générale ^ ^






 
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