Elizabeth 1ere

Elizabeth 1ere
par ana









  
 
 







 
 

Un personnage séduisant, intriguant, fort et passionné que fut Elizabeth 1ere reine d’Angleterre entre 1558 et 1603. Un mythe aussi, celui de la « Reine Vierge », de l’usurpatrice couronnée, l’hérétique protestante qui aurait mis l’Angleterre catholique à feu et à sang…



Le couronnement...


Voyons un peu….

Elizabeth naît de l’union contestée d’Anne Boleyn avec le roi Henri VIII, le souverain anglais qui a divorcé et s’est remarié le plus de fois… Et la moitié de ses épouses, légitimées ou non, fut décapitée !



Henri VIII amateur de femmes et fan de la décapitation pour régler tous ses problèmes conjugaux....


Henri VII fut officiellement marié à Catherine d’Aragon, veuve du frère ainé d’Henri depuis neuf mois, à l’âge de 18 ans (1509).



Catherine d'Aragon.



L’union avec l’Espagne alors plus grande puissance d’Europe est une priorité saluée par le Pape. En plein balbutiement des guerres de religions, ce mariage célèbre la foi catholique dans les plus hautes instances européennes, celles de la royauté. Néanmoins, leur mariage n’est pas fructueux en matière de descendance, une fausse couche et deux enfants qui ne survivent que quelques semaines et un mort né brisent la confiance mutuelle du couple royal. En 1516, enfin, une fille naît, Marie, mais aucun héritier mâle ne sort du ventre de Catherine et, alors qu’Henri VIII approche de la quarantaine, son chemin croise opportunément celui de la jeune et jolie Anne Boleyn.


Anne Boleyn


La belle le fait patienter : elle refuse de se donner à lui hors mariage. Henri VIII s’arrange donc pour faire annuler son premier mariage avec l’aide de l’archevêque de Cantorbery. Cet acte sera au yeux du Vatican condamnable par excommunication…



Pie V, un Pape à ne pas contrarier...



Qu’importe, Henri VIII épouse en grandes pompes Anne Boleyn qui accouche d’Elizabeth le 10 septembre 1533. L’enfant est envoyée loin de sa mère, là où réside déjà Marie, la première fille du roi, à Hatfield House, en pleine campagne. La jeune Elizabeth grandit entourée des femmes rejetées par son père : sa demi-sœur et pire encore, Catherine d’Aragon elle-même ! On ne sait rien de l’ambiance qu’il devait y avoir mais la princesse aux cheveux roux comme ceux de son père ne semble pas avoir souffert de cette compagnie.

Mais un sort funeste s’acharne sur Anne Boleyn : après plusieurs fausses couches et donc l’échec à donner un fils en héritage pour le trône, elle est victime de complots qui aveuglent (ou arrangent) Henri VIII : convaincue d’adultère, d’inceste et de haute trahison, elle est emprisonnée à la Tour de Londres et décapitée le 19 mai. Henri VIII épouse Jane Seymour qui lui donnera son seul garçon viable, Edouard.

Le destin de Marie et surtout d’Elizabeth ne tient qu’à un fil et leur statut de princesses est annulé. Mais Elizabeth a une chance : Edouard grandit près d’elle, sous l’influence d’une nouvelle et dernière femme d’Henri VIII, Catherine Parr. Cette dernière joue un grand rôle dans la vie d’Elizabeth : elle est pour la Réforme et proche de la foi protestante, elle éduque les enfants royaux encore jeunes et malléables (donc pas Marie) en ce sens.





Edouard devient roi d’Angleterre sous le titre d’Edouard VI à la mort d’Henri VIII en 1547. Il n’a que 9 ans et Elizabeth 13. Mais Edouard est de santé fragile depuis toujours et l’entourage royal anticipe sa disparition : utilisant sa jeunesse comme argument, Lord Protecteur Edward Seymour se voit confié la régence. Un complot est immédiatement mis en place par son propre frère Thomas Seymour. Le complot est déjoué mais les défaites militaires ont affaibli la légitimité du régent qui est destitué et décapité. Un nouveau protecteur est nommé, John Dudley.


John Dudley


Mais ce dernier est de confession protestante et sa politique oriente en ce sens le gouvernement, ce qui ennuie bien du monde et impose Elizabeth comme une instigatrice. La jeune fille est protestante de cœur puisque c’est ainsi qu’elle fut élevée par Catherine Parr, elle serait donc, en lignée droite de descendance royale la première bénéficiaire d’un pays qui accepterait le Protestantisme comme religion majoritaire, voire religion d’Etat ! De plus, la mort d’Henri VIII n’a pas pour autant réconcilié l’Angleterre avec la papauté… Mais John Dudley a d’autres projets : que les soupçons se portent sur Elizabeth ne le gène nullement, il veut mettre Jeanne Grey, sa belle fille, protestante elle aussi et petite nièce d’Henri VIII sur le trône. A 16 ans, elle est intronisée reine en 1553 et devient une marionnette entre les mains de son beau-père. Marie n’a pas dit son dernier mot : en ligne directe, c’est elle qui devrait être sur le trône ! Elle réunit des partisans et chasse les conspirateur et la reine de 9 jours hors du palais pour la Tour de Londres. On ignore si Elizabeth joue un rôle dans ce coup de force mais Marie devient reine sous le nom de Marie 1ere d’Angleterre.



Marie 1er

Cela arrange bien du monde : Marie est une fervente catholique, réconcilie son pays avec Rome grâce à une politique papiste et une alliance avec l’Espagne (elle épouse le fils unique de Charles Quint) pour laquelle elle doit mater une nouvelle rébellion qui condamne Thomas Wyatt le Jeune et les Dudley père et fils à la mort ou un statut de paria au sein de la noblesse. C’est à ce moment que les penchants religieux d’Elizabeth sont le plus montrés du doigt comme étant la source de complots visant à la mettre sur le trône par tous les moyens.



Elizabeth à 20 ans...


A l’âge de 20 ans, elle est arrêtée, emprisonnée, interrogée pour avouer ses actes de trahison avec pour seule preuve des lettres d’autres personnes citant son nom. Elizabeth connaît les geôles de la Tour pendant quelques mois mais Marie 1ere refuse de la faire exécuter dans aveux et cela, elle ne l’aura jamais. Elizabeth échappe à la mort pour être recluse au palais de Woodstock en 1554. Pendant ce temps, Marie tombe enfin enceinte mais c’est une fausse joie : ce n’est qu’une grossesse nerveuse provoquée par la maladie. Philippe d’Espagne son époux est rappelé en son pays et Marie se venge sur la population protestante anglaise : les persécutions et bûchers se multiplient. Un autre complot est déjoué et le nom d’Elizabeth une fois encore murmuré avec insistance mais Marie refuse de condamner sa seule sœur.

Elizabeth représente un vrai problème pour le pouvoir en place et elle doit la vie non forcément à l’amour fraternel de Marie mais surtout à sa piété et l’intérêt que celle-ci vouait à la raison d’Etat. Elles correspondaient par lettres et Elizabeth ne lui reprochait rien de ses actes envers les protestants, se contentant de son statut, de la bienveillance de Marie à son égard et peut-être de patienter…

Marie 1ere meurt d’un cancer en 1558, sans héritier. Elizabeth est donc naturellement nommée reine à l’âge de 25 ans. Elle devient Elizabeth 1ere, reine d’Angleterre et d’Irlande. Son meilleur allié à la cour sera, toute sa vie, Sir Francis Walsingham, garde du corps, espion et chef de sa garde personnelle.

La crise de la Réforme anglaise bat son plein et Elizabeth doit aussi faire face aux prétentions françaises en Ecosse. Les Français sont maîtres de l’Ecosse mais le fait qu’ils y gardent une armée permanente est une menace pour la frontière. De leur côté, les Espagnols qui ne voient en elle qu’une hérétique, tentent de prendre l’Irlande avec une flotte. Les proches d’Elizabeth s’acharnent à vouloir la marier : une fois un héritier né, elle serait à l’abri de tout complot et surtout de toute tentative de meurtre. Mais Elizabeth refuse tous les candidats proposés : Philippe II d’Espagne, Ivan le terrible, le duc d’Anjou proposé par Marie de Médicis, le duc d’Alençon, Eric de Suède ou encore Charles de Habsbourg. Elizabeth est célibataire et sans enfant mais elle ne vit pas en nonne. On sait que deux hommes comptent à différentes époques de sa vie : Robert Dudley qui perd ses faveurs comme son père avant lui, Robert Devereux et Sir Walter Raleigh, reconnu pour ses talents d’explorateur et de marin mais qui finira, par caprice royal, à la tour de Londres.



Robert Dudley, fils de John Dudley



Elizabeth et Robert Dudley, un parfum de romance


Même si le temps passe avec ses liaisons, Elizabeth n’a pas d’enfant. Elle demeure coquette même si elle prend la manie de se farder de blanc en symbole de son surnom « la reine vierge » et perd ses dents. Le surnom est un secret sans en être un : elle n’était pas vierge officieusement mais l’était officiellement : elle se disait mariée à l’Angleterre.



La reine au sommet de son règne


Pour combattre l’instabilité religieuse, Elizabeth convainc les évêques anglais de promulguer un Acte de Suprématie en 1559 : par cet acte, les hommes d’Eglise jurent fidélité à la reine devant le Pape, ce qui offre à Elizabeth la porte ouverte vers une nouvelle religion qui concilie catholicisme et protestantisme (ou presque) : l’anglicanisme. Le "Bill" des 39 articles de 1563 installe une hiérarchie épiscopale indépendante de celle de Rome, à l’anglaise si on peut dire, garde le cérémonial catholique, abandonne le latin pour les offices ainsi que le célibat des prêtres. Rome renouvelle son excommunication, provoquant de graves troubles sur le sol anglais.

Mais les puritains calvinistes et catholiques s’élèvent contre cette religion Anglicane toute neuve alors Elizabeth les pourchasse. Un nouveau complot se met en place, pour destituer Elizabeth, voir l’assassiner avec la bénédiction papale, et donner le trône à Marie Stuart, reine d’Ecosse. Les fomenteurs du complot comme tous les catholiques sont jugés comme traîtres à la couronne et violemment persécutés à leur tour.



Marie Stuart


L’Irlande est catholique et, après des révoltes sauvagement écrasées, appelle l’Espagne pour écraser l’autorité d’Elizabeth. Mais la mer sauve la reine : qu’importe l’armada espagnole et sa puissance, en mer, ses mouvements sont limités et aucun de ses soldats ne posera un pied en Angleterre.





En Ecosse, Marie Stuart attise la méfiance par ses choix et ses revendications presbytériennes, l’assassinat de son premier époux (un noble français) et son remariage avec un noble anglais catholique. Elizabeth finance la révolte des barons écossais contre Marie d’Ecosse, à tel point qu’en 1567, celle-ci abdique en faveur de son frère Jacques. Mais elle reste l’objet de complots même si elle n’en est pas l’instigatrice. Pour écarter toute possibilité et anéantir les espoirs de ses détracteurs, Elizabeth la fait arrêtée en 1587, jugée par le Parlement et décapitée. Leur querelle qui au fond ne sera jamais que fabriquée de et accentuée par leur entourage est le symbole de la cruauté "élizabéthaine".

Mais le règne d’Elizabeth recèle des aspects bien plus constructifs : en 1600 naît la Compagnie des Indes orientales et la colonisation de l’Amérique du nord est lancée. La Virginie est ainsi nommée en hommage à la reine vierge. Lorsque des navires anglais croisent des bateaux espagnols, les canons hurlent au large ! Elizabeth aime les arts et les favorise, surtout s’ils célèbrent la langue anglaise sur le latin ou l’italien (politique religieuse oblige). Ainsi voient le jour les talents du poète Emund Spenser, de Christophe Marlowe, de ben Jonson et bien sûr de William Shakespeare !



Shakespeare


A cela s’ajoute un art gothique anglais surnommé style Tudor qui orne bien des monuments encore de nos jours.





Les sciences telles que l’Astronomie, la géographie et la cartographie se développent également, un peu par nécessité stratégique et exploratrice, un peu pour contrarier Rome qui s’oppose à toutes les suppositions scientifiques.

Après les répressions, la démographie repart et l’économie avec elle. Grâce aux merveilles importées des Indes, une industrie drapière se créé, ainsi que l’exploitation du fer et de la houille, le commerce extérieur s’envole, ouvrant la nécessité à l’ouverture de chantiers navals. Pour couronner cela, Elizabeth ordonne la fondation de la Bourse de Londres qui gère une grande partie de l’excédent des finances royales. Consécutivement, tout change pour les anglais : on ne vit plus seulement de l’élevage et de la terre mais aussi de l’industrie, du commerce et si la Noblesse s’enrichit, les bourgeois aussi. On cloisonne les parcelles de terres, ce qui donne naissance à la propriété individuelle à grande échelle, les villes mutent avec l’apparition d’ouvrages payés par les bourgeois : ponts, routes plus praticables pour le commerce, voies navigables dans le pays… Pour la première fois, les petites gens et les non-nobles participent à la politique de leur ville, de leur village, à ses transformations. Néanmoins, il y a des oubliés : les plus pauvres sont chassés des campagnes par le cloisonnement des terres qui rend les parcelles plus petites et donc moins nécessiteuses de bras pour y travailler. Le premier exode rural commence.

Lorsqu’Elizabeth s’éteint après 44 ans de règne, elle a pile 70 ans. La lignée des Tudor meurt avec elle, c’est étrangement le fils de Marie Stuart, Jacques VI, roi d’Ecosse, qui lui succède. Il la fait reposer dans le caveau royal de l’Abbaye de Westminster, aux côtés de Marie, sa demi-sœur rivale qui lui a tant de fois sauvé la vie par son indécision à la condamner pour complot. L’épitaphe dit ceci « des partenaires sur notre trône et dans notre tome, ici nous reposons, deux sœurs, Elizabeth et Marie, dans l’espoir d’une seule résurrection. »


Pour celles et ceux qui aiment les adaptations fidèles à l'histoire ou en tout cas de qualité, je vous conseille "Elizabeth" de Shekhar Kapur avec Cate Blanchett. Une réalisation toute en sobriété qui retrace bien les premières années du règne d'Elizabeth et les troubles auxquels elle dû faire face !





Sources : Wikipédia, Google images


 
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