Ligne rouge (La)

Ligne rouge (La)
par ana

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Année de sortie :
Origine :

  
  

The thin red line 
Terrence Malick 
Robert Michael Geisler, Grant Hill, John Roberdeau 
20th Century Fox
Sean Penn, Jim Caviezel, Adrien Brody, Ben Chaplin, Elias Koteas, John Cusak, Nick Nolte, Woody Harrelson, John Travolta, George Clooney…. 
Guerre 
1998 
USA 

 
 




Scénario : Terrence Malick d’après le roman de James Jones
Musique : Hans Zimmer, Klaus Badelt et autres
Durée : 170 min






Résumé.



1942, île de Guadalcanal dans le Pacifique.

C’est une phase décisive pour le tournant de la Seconde Guerre Mondiale. Les Américains répondent à l’attaque de Pearl Harbor en reprenant les îles conquises et occupées par les Japonais afin de les acculer à la défaite. Mais l’opération qui commence à Guadalcanal s’avèrera être une épreuve toute aussi rude que ce qui attend les Alliés en Europe. Arrivé depuis plusieurs semaines, Witt a déserté son unité pour se la couler douce parmi les indigènes de l’île, des gens simples qui vivent en harmonie avec la nature.





Mais lorsqu’une armada supplémentaire se montre, ses belles journées sont terminées. Witt est repris en main, mis aux fers en attendant le débarquement.

Les troupes débarquent en nombre sur les plages humides et baignées d’une chaleur moite étouffante. Les cœurs anxieux n’en croient pas leur chance : aucune résistance ne les accueille.




Mais plus les hommes s’enfoncent dans l’île plus la tension monte : dans cette nature luxuriante, le silence est oppressant.





Les pensées de chacun résonnent en une seule, pleines de questions sur le sens de tout ceci, celui de leur propre existence et de leur possible survie. Sortis de la jungle, les soldats américains sont face à des collines qui ne laissent aucune chance : pas de couverture, pas d’échappatoire.





Tout au sommet se terrent des soldats japonais qui guettent le moindre mouvement, mitrailleuse en main. Dans cette superbe nature devenue traîtresse, l’assaut ne pourra être que frontal. Qui mourra ? Qui survivra ? Pourquoi ? Est-ce là le destin, une volonté divine, la protection fervente d’une épouse laissée au pays ? Qui acceptera de se jeter dans cet enfer ? Quel gradé refusera les ordres qui ne peuvent mener qu’à la mort de ses hommes ? Quel gradé sera assez fou et enragé pour s’entêter dans cette boucherie ?




La prise de Guadalcanal est un enjeu vital mais où s'arrête l'intérêt politique et militaire et où commence celui des hommes ?






Avis.


Terrence Malick est connu pour faire peu de films mais également pour faire mouche à chaque fois ! Entre 1973 et 2011, il n’a en effet réalisé que 5 films, un record dans la vaste machinerie US du cinéma… Avec « La ligne rouge », il s’en donne à cœur joie tant il exploite pleinement un style que l’on qualifie souvent de « style Malick » à savoir un tournage en nuances, avec des voix off qui illustrent les pensées de ses personnages comme autant de fenêtres ouvertes sur qui ils sont réellement. Le montage présente souvent une narration déroutante de ce fait puisque l’on suit une histoire qui est ensuite remplie de ces pensées en mode « off » et de flash-backs qui aident ou non à saisir les personnalités, les enjeux.

Dans ce film, c’est une réussite nette et tranchante. On aurait pu craindre que ce choix périlleux n’embrouille le spectateur et ne brise l’effet voulu, mais non. Pas d’exagération, pas de larmoyant, pas de questions existentielles poétiques en masse au risque d’être écoeurantes, pas de manichéisme imbécile. Sous une lumière parfaitement maîtrisée, dans des paysages naturels saisissants de beauté exotique, on observe le défilé morbide d’un groupe d’hommes, tous très différents comme cela ne peut qu’être le cas dans la réalité. Ils ne se connaissent pas vraiment, ils gardent pour eux leur peur, leurs réflexions (les emprunts au roman sont à ce titre justement dosés et distillés à point nommé), n’offrant à leur compagnon d’infortune qu’une certitude fraternelle qui unit naturellement les hommes au combat. Pas de lâcheté ni de courage splendide. Seulement l’expression de personnalités diverses, de points de vue.

Tour à tour mis en lumière, on regarde évoluer dans le chaos des explosions et des balles qui fusent de partout, le soldat Witt / Jim Caviezel (qui s’entête à tromper la mort pour venir en aide à ses camarades), le sergent chef Welsh / Sean Penn (qui obéit simplement, gardant enfoui ses propres idées et son coeur, trop néfastes et perturbateurs),




le capitaine Gaff / John Cusak (qui mène une attaque suicide la tête froide et insiste pour que ses hommes n’aient pas une promesse de médailles mais l’eau qui manque cruellement),





le capitaine Staros / Elias Koteas (qui refuse obstinément des ordres d’attaquer qui tueraient à coup sûr ses hommes, « Vous êtes mes fils, je vous emmène partout avec moi dorénavant »),





le soldat Bell / Ben Chaplin (qui se raccroche à l’image de son épouse pour laquelle il a sacrifié une place confortable dans le Génie pour se voir rétrogradé en chair à canon, « pourquoi aurais-je peur de mourir ? Je t’appartiens. Si je pars le premier, je t’attendrai au-delà des eaux sombres. Sois avec moi maintenant. »), le lieutenant colonel Storm / Nick Nolte (un vrai chien de guerre qui ignore les risques et la boucherie, ne vivant que pour le résultat qu’il ne veut que victorieux, peu importe le nombre de morts, « je suis mort à l’intérieur, lentement, comme un arbre »), le sergent Keck / Woody Harreslon (tout aussi ambitieux à envoyer ses forces face à une mort certaine qu’inconscient de sa propre peur), le soldat Doll (qui vient à peine de sortir de l’enfance et se demande le sens de cette vie, le sens de ce qu’il accompli, se sent changer en un parfait inconnu, « j’ai tué un homme, je ne serai pas puni »)… Et tant d’autres qui, bien que têtes d’affiches pour d’autres réalisation, se contente d’une apparition brève mais marquante :




Travolta joue un général de brigade imbu de sa personne, décisionnaire de la mort de centaines d’hommes sans plus d’émotion qu’un roc et Clooney campe un capitaine qui arrive après le gros de la bataille, claironnant qu’il est le père d’une grande famille et qu’à ce titre, tout soldat peut venir se confier à lui, dans la mesure d’une indispensable nécessité…




Tous les profils sont présents, toutes les émotions aussi.

« La ligne rouge » flotte entre carnage et beauté irréelle de la nature, invite le spectateur dans l’intimité des personnages et ce faisant lui imprime l’évidente humanité de ces hommes immergés dans l’horreur qui cherchent désespérément une raison de survivre.

Les nominations aux Oscars furent nombreuses (7) mais « la ligne rouge » ne remporta aucun prix en dehors de l’Ours d’Or du festival de Berlin.



C’est une œuvre à voir au moins une fois, qui apporte une lisibilité très différente de la guerre du Pacifique et de sacrifice de tant de vies au nom de la liberté.




 
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