Jack l

Jack l'éventreur
par ana









  
 
 







 
 




Voyons un peu… De mémoire, des romans, des études, des films, des bandes dessinées, des dessins, des gravures, des lithographies, des clubs mêmes ! Oui c’est tout cela qu’a inspiré le sombre et très connu Jack l’Eventreur.

Mais pourquoi une telle fascination ? Bien des psychologues et autres criminologues se penchent encore sur la question et disent que c’est parce qu’il fut le premier tueur en série reconnu selon les critères définis au 20e siècle (parce que des tueurs en série, malheureusement il y en a eu de tous temps), parce qu’il aimait narguer la presse et les forces de polices de son temps, parce qu’il est apparu à une époque troublée de l’histoire de l’Angleterre, soit l’époque Victorienne très contrastée essentiellement à cause du fossé énorme séparant alors les très riches nobles des très pauvres roturiers, parce que son époque fut aussi celle du gothique littéraire initié avec « Frankenstein », enfin parce qu’il ne fut jamais arrêté ou démasqué.



Que savez-vous du mystérieux et sanguinaire Jack ? Des hypothèses sur son identité ?



Moi ? Très peu de choses mais partageons les….






A la fin du mois d’août 1888, Mary Ann Nichols, surnommée Polly, prostituée de son état, se livrait comme bien des soirées à cette profession bien malheureuse dans le très pauvre, malsain et donc dangereux quartier londonien de Whitechapel.

Les lieux étaient repoussants de pauvreté et de crasse, emplis de gens exilés de leur campagne, d’Irlande ou d’Europe (juifs) par la force des choses et l’espoir de trouver dans la capitale un emploi dans l’industrie naissante et ses commerces. Amassés dans des taudis barrés de ruelles sombres, ces gens livrés à la détresse étaient tout aussi bien livrés aux dangers car le banditisme avait bien entendu tiré parti de la situation : vol, violences, proxénétisme, assassinats, tout ce qui pouvait arriver de pire à un être humain pouvait se produire dans Whitechapel. Tout. Jusqu’au massacre le plus innommable. Mais Mary Ann Nichols, comme ses compagnes d’infortune, n’avait guère le loisir d’écouter sa peur. A 43 ans, sans revenu, elle proposait ses faveurs pour quelques sous. Le 31 août, elle croisa la route d’un homme qui lui trancha la gorge, lui lacéra la langue et entailla son abdomen jusqu’à détruire ses organes génitaux. Son corps fut trouvé entre 3h30 et 3h45 du matin. Bien entendu sa mort fut horrible mais la police et les journaux parlèrent et travaillèrent peu sur ses circonstances. C’était une prostituée officiant à Whitechapel et il y avait des affaires de femmes assassinées, mutilées ou brûlées vives quotidiennement. Son meurtre fut donc qualifié d’étrange, mais il ne fut établi que peu de choses : le tueur était gaucher.

Le 8 septembre suivant, Annie Chapman, prostituée de 47 ans, mère de deux filles et d’un fils invalide, fut retrouvée dans une cour intérieure laissée ouverte, la gorge tranchée si profondément que sa tête était pratiquement séparée de son corps. Son ventre était ouvert, ses intestins disposés autour d’elle et ses organes génitaux manquants. A ses pieds, de la monnaie et une enveloppe. Un homme avoua avoir été témoin de ses cris mais reconnut avoir eu peur, ambiance du quartier oblige, et n’être pas sorti. Quelques jours plus tard, la police arrêta un boucher du coin, John Pizer.

Pourquoi un boucher ? A cause des blessures ? Certes mais aussi parce qu’un morceau de tablier de cuir fut trouvé non loin du cadavre. Pourtant cet indice se révéla appartenir au vêtement d’un locataire d’un immeuble proche et n’avoir donc aucun lien avec le crime. Mais Pizer fut gardé deux jours en prison afin de laisser la police le disculper officiellement afin qu’il ne soit pas lynché par les gens du quartier. Pauvres, bandits mais refusant de se laisser maltraiter gratuitement, les habitants de Whitechapel avaient peur. C’est à cause de cela, ajouté à l’horreur des deux crimes, que la police commença à les considérer comme différents des faits divers quotidiens. Les journaux y mirent du leur, qualifiant le meurtrier de dément, fanatique sexuel sans connaissance anatomique, se laissant aller à ses pulsions de massacre. Des témoins dirigèrent l’enquête sur un homme bien vêtu, sans doute un bourgeois, en chapeau de chasse et sombre manteau long, qui boitait.





Le 27 septembre, une lettre arriva au Central News Agency destinée au patron de presse. Elle était signée « Jack the Ripper » ou jack l’éventreur. Bien que sans doute un canular, cette lettre donna naissance au surnom si connu et avec lequel les journalistes firent des choux gras. Malgré tout, la police garda l’idée que cette lettre pourrait servir à identifier le tueur. Plusieurs cartes parvinrent aux journaux et même à Scotland Yard, signée Jack ou Jack the ripper, certaines détaillant avec force détails les mutilations et vantant le goût des organes disparus une fois cuits et assaisonnés…





Seule la lettre intitulée « From Hell », en français « de l’Enfer » fut réellement imputée au criminel et non au zèle malsain de journalistes avides de sensationnel. Pourquoi ? Parce qu’elle était accompagnée d’un rein humain et adressée non pas aux autorités ou à la presse mais à George Lusk, président d’un comité de vigilance civile de Whitechapel.



Le 30 septembre, l’affaire prit une nouvelle ampleur. Louis Diemschutz découvrit le corps sans vie d’Elizabeth Stride dans la cour d’un immeuble uniquement occupé par une communauté de juifs allemands. Elle ne portait qu’une profonde entaille à la gorge et aurait pu ne pas être considérée comme une victime de cette macabre série si quarante-cinq minutes plus tard l’on n’avait retrouvé un autre corps ! Selon toute vraisemblance, le tueur aurait été dérangé par Louis Diemschutz et se serait ensuite vengé sur une autre victime de sa frustration. Catherine Eddowes rencontra donc cette même nuit le mystérieux assassin. L’état de son corps fut tel que l’identification ne fut pas aisée. Un passant, Israel Schwartz, se souvint d’avoir assisté à une altercation entre Catherine et un homme ivre qui l’aurait poussée à terre en l’insultant. Mais, trop habitué à ce genre de scène dans un tel quartier, Mr Schwartz passa son chemin. Quand on découvrit ce qu’il restait de Catherine Eddowes, les plus aguerris des policiers furent pris de malaise. Gisant dans une marre de sang dans un parc public, elle avait le ventre ouvert, le nez et l’oreille droite entaillés, le visage barré d’un grand V taillé au couteau, la tête ne tenant plus au corps que par quelques lambeaux de chairs, ses organes digestifs posés près de son corps, le foie incomplet, le rein et l’utérus absents.





La panique possédait déjà Whitechapel mais elle enfla d’un coup. Deux crimes en une nuit, à moins d’une heure d’intervalle, presque à la vue de tout le monde, voilà qui faisait froid dans le dos. Pour la première fois, la police occupa le quartier, le sillonna, fit des rondes mais ne trouva aucune piste.

Jusqu’alors, le tueur s’en prenait à des femmes qui avaient passé la quarantaine mais lorsqu’il s’attaqua à Mary Jane Kelly, tout ce que la police croyait avoir compris.

Mary Jane avait 24 ans, était déjà veuve et se prostituait depuis son exil d’Irlande. Son corps fut retrouvé dans la petite chambre qu’elle louait et dans laquelle elle recevait ses clients lorsqu’ils payaient assez.

Le 9 novembre, à 3h du matin, des connaissances qui ne l’avaient plus vue de la nuit entrèrent et ressortirent aussitôt pour vomir et appeler à l’aide. Non content d’échapper à toute surveillance policière, le tueur avait pris tout son temps, confortablement caché cette fois-ci dans un lieu fermé. Sur le lit, le corps de Mary Jane n’est plus qu’un amas de chairs incohérent. Tranchée, découpée, mutilée en tous sens, des orteils au visage, la jeune femme n’a plus rien d‘humain. La mise en scène est encore plus macabre que les précédentes, tous ses organes étant placés un peu partout sur et sous son corps déchiqueté.



Mystérieusement, les crimes imputables à Jack l’éventreur cessèrent aussi soudainement qu’ils étaient venus hanter les rues de Whitechapel. Après avoir atteint les sommets de l’immonde avec Mary Jane Kelly, le tueur parut s’évanouir. Plusieurs hypothèses naquirent.

_ Le tueur pouvait être Polonais, un sadique à tendance virulente selon les médecins psychiatres. Il serait reparti dans son pays poursuivre ses forfaits ou aurait émigré aux Etats-Unis.

_ Le tueur serait en prison pour une raison ou une autre et donc mis hors d’état de nuire sans que l’on sache quels horribles crimes il avait pu commettre.

_ Le tueur serait le prince petit fils de la Reine Victoria, connu pour avoir contracté la syphillis suite à ses rapports avec des prostituées et serait mort de sa maladie après s’être vengé en toute impunité, protégé par l’autorité royale.

_ Le tueur serait le chirurgien de la reine qui aurait assassiné les prostituées payées par le prince pour protéger la famille royale.

_ Le tueur serait, à tour de rôle : un barbier polonais violent avec les femmes et même empoisonneur à ses heures perdues, un avocat suicidé dans la Tamise, un chirurgien russe plusieurs fois interné pour démence mais introuvable à l’époque de l’enquête.

_ Le tueur serait mort mais dans l’indifférence et l’ignorance totale, peut-être de maladie ou d’un accident.



Mais la question demeure… Qui était-il ? Et quel était son mobile ?



Parmi les dernières hypothèses, deux seraient intéressantes. Je sais peu de choses sur la théorie démontrant que le policier Melville MacNaghten aurait été l’assassin mais il en est autrement en ce qui concerne la culpabilité supposée de James Maybrick, négociant de Liverpool.





Maybrick fut retrouvé mort à son domicile de Liverpool, d’une overdose d’arsenic. A l’époque, l’arsenic était prescrit par nombre de médecin car il soignait bien des maux comme la malaria. Mais on ne savait pas encore qu’il empoisonnait à petit feu et rendait dépendant. La jeune épouse de Maybrick, Florence, une américaine, fut accusée de son meurtre et condamnée.






Des années plus tard, ses avocats prouvèrent que Maybrick était un drogué à l’arsenic et qu’il était mort de cette dépendance sans que personne n’ait à l’y aider. Florence fut libérée et quitta Liverpool pour sa terre natale. Un siècle plus tard, la maison des Maybrick, un splendide demeure qui n’avait jamais longtemps été occupée depuis les faits trouva acquéreur mais il fallut de gros travaux. C’est à cette occasion qu’un charpentier qui travaillait sur les parquets abîmés trouva un journal. A sa lecture, l’homme fut sceptique puis terrifié. Il le garda pour lui jusqu’au jour où on lui annonça sa mort prochaine suite à un cancer. Sa conscience aidant, il confia le journal à un ami et lui demanda de faire en sorte de découvrir si ce qu’il contenait était véridique. Michael Barrett explora ce document, ce journal d’un certain James Maybrick. Les détails sordides les plus fins des crimes de l’éventreur y étaient transcrits mais sans noms ni dates.




Barrett le lut et le relut puis décida de demander l’aide d’experts. Analyses et datation du journal (encre et papier), analyse de l’écriture, recoupements avec les faits, tout fut mis en œuvre avec professionnalisme pour aboutir à une conclusion : James Maybrick était Jack l’éventreur. Maybrick se rendait souvent à Londres pour ses affaires ou voir ses frères ainés. Sa femme l’a trompé avec un homme plus jeune que lui. Sa dépendance à l’arsenic découverte par son médecin, il devait tricher et voir d’autres praticiens peu scrupuleux pour avoir sa dose… En état de manque, il faisait des crises qui laissaient voir un tout autre personnage, fait de ressentiment, de colère et de violence. Il aurait pu commettre ces crimes et échapper à toute suspicion puisqu’il quittait Londres pour rentrer à Liverpool. Sa jeune épouse le savait-elle ? A-t-elle caché le journal dans le plancher pour protéger ses enfants ? L’a-telle tué pour le punir ? Ou s’est-il suicidé ? Ou bien s’imaginait-il être Jack l’éventreur quand il était en état de manque et exprimer à travers ce contemporain qui laissait libre cours à ses pulsions ce que lui, Maybrick, était incapable de faire alors qu’il était rongé par la drogue et la jalousie ? Autant de questions qui restent sans réponse. Mais après sa mort en 1889, les crimes ont cessés.



Enquête minutieuse et bien menée dans ce livre en version poche sur le journal de Maybrick.


Jack a fait peu de victimes, mais la sauvagerie de ceux-ci, sa manie de narguer presse et police, ne serait-ce que parce qu’il s’est faufilé et a tué entre les maillons du filet policier, au sein d’un quartier représentant toute la déchéance d’un pays et d’un gouvernement, l’on rendu célèbre.

Sources : "Jack l'éventreur" édité par Le Livre de Poche, Wikipédia, Google images.





 
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