Jeanne d

Jeanne d'Arc
par ana









  
 
 







 
 



Qui ne connaît pas Jeanne d’Arc en dehors de quelques enfants encore trop jeunes pour avoir eu droit aux leçons sur la désastreuse Guerre de Cent ans ?



Femme enfant au courage exemplaire et à la détermination stupéfiante pour une époque si rude et machiste que le début du 15eme siècle, héroïne pour beaucoup, sainte pour d’autres, modèle… Jeanne d’Arc a eu droit, au cours des siècles qui ont suivi sa mort tragique, à tous les traitements. Néanmoins, peu de gens cherchent à connaître la vraie personnalité derrière la légende, celle d’une toute jeune fille qui, bien qu’illettrée, était d’une intelligence sûre. Mais qui était donc Jeanne d’Arc ?



Jeanne est née en janvier 1412, du moins est-ce ce qui a été évalué d’après ses dires car il n’y avait pas de registre paroissial, et a grandi à Domrémy, un village modeste de Champagne (déjà nommée ainsi à l’époque). Comme souvent en pleine époque de troubles, sa famille était nombreuse et comptait en tout 5 enfants. Son nom n’est pas une invention de légende, il lui vient de son père Jacques d’Arc, ce n’est pas un nom noble en dépit de la particule qui, au Moyen Age, ne prouvait aucunement une quelconque appartenance à la Noblesse. Son père était laboureur et venait d’un village nommé d’Arc en Barrois. Son seigneur lui ayant autorisé à changer de lieu, il porta ce nom comme signe d’appartenance à ces terres de naissance.

Dès l’enfance, Jeanne se montra très pieuse, ne manquant jamais une messe ni le devoir sacré de confession.

La France à son époque…





Un sacré bazar, lieu de grandes tragédies et bien des malheurs… La Guerre de Cent Ans eut quelques vertus (il faut au moins reconnaître que les occupants anglais et leurs sympathisants, surtout à Paris, ont participé activement et par le biais de commandes fastueuses au développement de bien des arts tels que l’enluminure, le livre relié, la joaillerie, l’orfèvrerie, l’émail, la tapisserie …) car ils avaient les moyens et un goût sûr…

Mais d’où sort cette guerre si longue ? D’un embroglio lié à la succession au trône de France. Revenons au début. Vous vous souvenez de la légende des rois maudits ? Et bien lorsque le dernier des fils de Philippe le Bel est mort prématurément, les proches de la couronne et hommes ont fait valoir les droits de succession d’un neveu au lieu de ceux de la seule et dernière enfant de Philippe le Bel, Isabelle de France, épouse d’Edouard II roi d’Angleterre. Son époux étant mort, elle a réclamé le trône de France pour son fils Edouard III. Que nenni, les membres de la famille royale française s’acharnent à mettre sur le trône un Valois de pure souche, Philippe VI, fut-il héritier indirect. Les hostilités commencent.









Trois rois français se succèdent sur le trône de France, perdant puis regagnant des territoires sur le sol de la mère patrie à grands renforts de champ de bataille devenus légendaires pour leur gloire ou leur monstrueux échec.

La chance a été du côté des Français jusqu’à ce que Charles VI dit « le fol » n’accède à la couronne. Durant son enfance, il avait supporté la régence d’oncles qui se disputaient le pouvoir et pillaient le peuple. A 20 ans, il prit les rennes seul mais quatre ans plus tard, sa folie apparut pour la première fois : en pleine partie de chasse, il tua quatre personnes. Sa lucidité ne lui revint que plusieurs jours après… Ces accès de folie se multiplièrent, causant des morts dans son entourage et même un incendie au domaine royal, hôtel de Saint Pol. Les oncles autrefois évincés le jugèrent inapte et leurs querelles reprirent, aiguisées par l’ambition des ducs de Bourgogne (sympathisants anglais) qui poussèrent le royaume dans la guerre civile. Le roi d’Angleterre d’alors, Henri V profita de la situation et reprit les territoires français perdus autrefois (Normandie entre autres). Le comble est atteint en 1420 lorsque les Bourguignons persuadent le roi fou de signer le traité de Troyes par lequel il renie à son fils Charles la couronne qu’il offre avec sa fille Catherine au roi anglais. A sa mort, la France devait donc devenir anglaise. Mais l’emprise des Anglais sur la France est surtout au nord et les nobles d’Armagnac refusent le traité et soutiennent le fils renié, Charles VII qu’ils recueillent au sud de la Loire. Charles VII est donc encore dauphin et donc moins que rien si ce n’est une lueur d’espoir sans grand pouvoir ni moyens lorsqu’apparaît devant lui une jeune fille disant être envoyée par Dieu pour lui assurer le trône de France !



Depuis l’âge de 13 ans, Jeanne entend des voix célestes (sainte Catherine, sainte Marguerite et l’archange Saint Michel) lui enjoignant d’être pieuse et de libérer la France de ses occupants.





A 16 ans, elle se juge assez grande et se met en route pour la première grande ville proche de Domrémy, demandant à être enrôlée dans les troupes royales du dauphin. Elle est déboutée par deux fois mais son insistance et la popularité que lui offre les habitants de la ville poussent le capitaine Robert de Baudricourt à lui fournir un an plus tard une escorte vers Chinon, fief du dauphin. Vêtue comme un homme, Jeanne traverse les hostiles terres bourguignonnes et parvient à Chinon. Elle fait porter des messages que l’on écrit sous sa dictée pour demander audience. Curieux, et puisque le capitaine de Baudricourt a lui –même écrit en sa faveur, Charles VII accepte de la recevoir. On raconte qu’elle fut capable de le trouver dans une salle de bal remplie d’invités, sans qu’il ait porté un quelconque signe distinctif, cherchant à la tester.

Elle fait dès lors quatre prédictions, rapportant d’après elle les paroles célestes : elle libérera Orléans, le dauphin sera sacré roi à Reims, Paris sera libéré tout comme le duc d’Orléans captif des Anglais depuis des années. Bien des sceptiques exigent des conditions à la fois excessives et censées. Elle est logée dans la tour où fut emprisonné le dernier templier Jacques de Molay, on enquête auprès des autorités cléricales de Domrémy, les instances ecclésiastiques l’examinent afin de prouver son état de vierge et finalement, Charles VII accepte qu’elle se rende à Orléans mais non pas à la tête d’une armée qu’il ne peut de toute manière pas financer mais avec un convoi de ravitaillement car la ville assiégée depuis plus de 6 mois par les Anglais se meure.

Les envahisseurs ont manqué d’hommes et d’armement pour conquérir la cité alors ils ont encerclé ses remparts de bastilles. Le seul secours d’Orléans demeure donc ces remparts solides et la Loire qui baigne ses pieds. Autrefois un pont reliait la ville aux Tournelles, des tours jumelles de défense mais la garnison française a détruit le pont, envoyant les Anglais vivre dans ces mêmes tours qu’elle a, à son tour, assiégée. Mais la guerre d’usure dure depuis…



Jeanne devra plus cette fois-ci que d’autres prouver ses dires.






On l’équipe tout de même d’une armure, d’une bannière arborant la fleur de lys royale et la mention « Jesus Maria » (devise des ordres mendiants) et d’un cheval. Ses deux frères ainés Jean et Pierre se joignent à elle. En chemin, elle insiste pour que les troupes ecclésiastiques (des prêtres) la précèdent et passe par Blois. A ses côtés des fortes têtes et guerriers aguerris ne la quittent pas d’une semelle sur ordre du dauphin, Gilles de Rais, Etienne de Vignolles dit La Hyre, Jean d’Alençon, Jean d’Aulon, Arthur III duc de Bretagne, Jean de Brosse et pas mal d’autres…

Orléans lui apporte un nouveau compagnon : Jean d’Orléans, futur comte de Dunois, parent du dauphin, qui est charge de la garnison. Il la conduit avec les vivres dans la cité où elle est accueillie avec ferveur par la population alors que les capitaines et autres chefs sont sceptiques. La seule chose certaine : sa présence galvanise l’énergie restante des soldats encore en vie. La confiance qu’a Jeanne en la victoire les saisit tous.





La voir se porter en première ligne au point d’être touchée d’une flèche qui manque de peu son poumon droit, ce qui ne l’empêche pas de repartir à l’assaut quelques heures plus tard, pousse les hommes à se battre férocement, à reprendre les Tournelles et à gagner la levée du siège dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.






La ville célèbre Jeanne d’Arc comme le « Pucelle d’Orléans ». Une autre victoire à Patay ouvre un chemin sûr à Charles VII qui est sacré roi de France à Reims le 17 juillet 1429. La ville est au cœur des terres bourguignonnes, l’effet politique est donc sans précédent et, lié à la réputation montante de Jeanne, il apparaît comme une volonté divine.



Au cours de cette période bénie, Jeanne voit naître une part de sa légende, part qui sera de première importance lors de son procès de réhabilitation, celle affirmant qu’elle fut à l’origine de petits miracles. Mais la jeune fille ignore tout cela, elle insiste auprès de Charles VII pour qu’il lui donne les moyens militaires de reprendre Paris aux Anglais et à leurs alliés Bourguignons. Mais le roi hésite, il manque de finances, préfère la diplomatie, sa couronne est en place mais elle lui semble bien fragile. Bref, c’est un couard. Mais peut-être hésite t-il surtout à envoyer d’autres hommes à la boucherie ? Cependant, Jeanne est sûre d’avoir les bonnes grâces divines de son côté et mène des attaques sur les remparts parisiens. Ce sont des échecs très coûteux et Charles VII lui interdit de recommencer. Il force l’armée à se retirer près de la Loire et la dissout. Mais Jeanne dirige désormais sa propre troupe de fidèles convaincus de l’importance de son rôle et du soutien divin qui s’attache à ses pas. « La Pucelle » agit en guerrière indépendante mais affirme être porteuse du destin de la France choisi par Dieu. Elle regagne des territoires en remontant vers le nord. Invitée début 1430 à séjourner dans le château de la Trémouille, elle abandonne bien vite cette cage dorée pour Compiègne assiégée par les Bourguignons. Elle y est capturée le 23 mai 1430 par un coup du sort qui apparaîtra comme suspect : alors qu’elle est seule en retrait avec quelques hommes, la herse de la cité s’abaisse, l’isolant du reste de ses soldats. Il ne faut pas longtemps avant que ceux qui sont enfermés à l’extérieur avec elle tombent morts et qu’elle soit faite prisonnière.

Elle tentera se s’échapper par deux fois, allant jusqu’à sauter d’une fenêtre haute du château de Beaurevoir et se brisant une jambe. Charles VII tarde à négocier sa libération pour des raisons trop évidentes de confort personnel et les Anglais la rachètent donc aux Bourguignons pour 10 000 livres. L’évêque de Beauvais, allié des Anglais la prend en charge. Il instruira son procès avec d’autres hauts cléricaux, il se nomme Pierre Cauchon.



Le procès sera présenté suivant une accusation d’hérésie, un comble pour une femme aussi pieuse, et durera du 21 février au 23 mai 1431. Il se déroulera à Rouen, cité tenue d’une poigne de fer pas les occupants anglais. Jeanne est gardé au donjon du château de Philippe Auguste devenu depuis « Tour Jeanne d’Arc ». Ce sont les Anglais qui sont ses geôliers bien que ce soit l’Eglise qui instruise son procès… ce qui veut tout dire. Intelligente, sûre d’elle, de ses actes, refusant toute compromission, Jeanne n’est cependant pas torturée car, en cette époque, on a fini par admettre que ce genre de méthode nuisait à la véracité des aveux et à un « bon procès ». On raconte aussi que les bourreaux auraient refusé d’avoir à lever la main sur elle, compte tenu de sa réputation de sainte… Néanmoins, les Anglais sont depuis longtemps en rupture avec les us et usage de l’Eglise et on imagine que trop bien que Jeanne fut battue et peut-être violée par ses gardiens qui devaient lui garder rancune de la cuisante leçon d’Orléans.




Au procès, pas mal de beau monde : 22 chanoines, 60 docteurs, 10 abbés normands, 10 délégués de l’université de Paris, tous sélectionnés avec soin mais ne pouvant échapper au regard Anglais « c’est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès » rapportera Richard de Grouchet, alors simple noble.

Les enquêteurs ne parviennent pas à étayer l’accusation d’hérésie : témoignages, enquête, faits, tout cela prouve que Jeanne est une bonne chrétienne convaincue de sa mission, rien à voir avec ce qui est communément qualifié d’hérétique. Alors on trouve autre chose : porter des vêtements d’homme, avoir quitté ses parents sans leur permission, surtout préférer le jugement de Dieu à celui de l’Eglise ! Elle leur crache à la figure que ses voix sont pour elle bien plus dignes de la juger que l’Eglise. Alors l’Eglise conclut que ces voix sont en fait celle du démon mais qu’elle est trop illettrée et ignorante pour faire la différence : elle est menteuse, blasphématrice, errante en la foi… Jeanne en appelle au Pape dont le propre avis sera ignoré. Mais ces juges sont des hommes d’Eglise et ils doutent, ils pensent à sauver sa vie, ne serait-ce que parce qu’on ne sait jamais… Ils lui font croire qu’elle sera emprisonnée à vie si elle reconnaît ses fautes et la fausseté de ses voix célestes. Jeanne signe d’une croix (elle ne sait toujours pas écrire) et accepte d’être emprisonnée à vie. Mais très vite, elle comprend qu’on s’est joué d’elle et se rétracte, délivrant ainsi l’Eglise de sa responsabilité envers sa vie qui la remet aux Anglais. C’était alors la coutume dans un procès pour hérésie : s’il n’y avait pas d’aveux de la part du condamné, l’Eglise rejetait les pêcheurs « relapses » qui terminaient aux mais des Etats et donc les souverains. Ce fut le cas pour les Templiers. Et le cas de Jeanne d’Arc.



Les Anglais n’attendaient pour ainsi dire que ça : le 30 mai 1431, ils la brûlent vive sur la place du Vieux marché de Rouen. Ses derniers mots furent « Jésus…. Jésus… Jésus ». Il y eut trois crémations successives car les Anglais voulaient éviter qu’il ne reste quoi que ce soit pouvant nourrir un culte posthume, pire encore créer des reliques. Les quelques os restants furent jetés dans la Seine là où fut plus tard bâti le Pont Jeanne d’Arc.





Entre 1455 et 1456 un procès de réhabilitation voit le jour tandis que Charles VII reprend peu à peu le dessus sur les Anglais. La mère de Jeanne a imploré le Pape Calixte III qui casse le premier jugement pour corruption, calomnie et malice. Des contemporains de Jeanne sont entendus, parfois pour la seconde fois, et l’évêque en charge, Thomas Basin conclut en réhabilitant entièrement Jeanne et les siens. Une croix est posée là où elle fut exécutée.

Sources : Wikipédia, Google images, écrits de Jeanne Pernoud.






 
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