Ku Klux Klan

Ku Klux Klan
par ana









  
 
 







 
 

Puisque le sujet est apparu en toute fin du topic sur la Guerre de Sécession, je me suis dit qu’un nouveau topic sur le Ku Klux Klan serait intéressant…



Un pavé dans la mare sans doute mais tout de même… parlons en !



Le Ku Klux Klan est selon la rumeur une organisation de fanatiques racistes et fascistes mais est-ce tout ? Et est-ce seulement ça ?





La Guerre de Sécession s’est officiellement terminée le 8 avril 1865 et bien, au soir de Noël de cette même année, des officiers sudistes, écoeurés par la défaite et les concessions imposées par le Nord et le désormais puissant gouvernement de Grant, ont décidé de se liguer en une organisation représentant les valeurs qu’on voulait leur prendre.

Ils étaient six fondateurs : J. Calvin Jones, Franck O. McCord, Richard R. Reed, John B. Kennedy, John C. Lester, James R. Crowe. Tous encore jeunes et pleins de rage, habitant Pulaski dans le Tennessee. Leur rêve était de structurer cette organisation de façon à ce qu’elle soit tentaculaire sur l’ensemble du territoire national afin de promouvoir leurs idéaux. Mais quels étaient-ils ?





Premier point, et le plus important, ces idéaux demeurent inchangés de nos jours. Cette organisation prône la suprématie blanche protestante. De fait, leurs tendances politiques sont à l’extrême droite suivant l’univers politique US mais le Klan ne deviendra jamais un parti. En revanche, ses actions sont basées sur la défense et la prospérité des intérêts sudistes de la vieille aristocratie et bourgeoisie par la promulgation des préjugés à forte tendance traditionaliste. En clair ? Cela veut dire que le Klan est xénophobe, raciste envers toutes les autres races (Noirs, Asiatiques, Hispaniques, Européens d’origine orientale tels que les Russes) mais aussi les autres religions (antisémites donc, et anticatholiques du moins contre ceux suivant le Dogme romain), sans oublier l’homophobie, un conservatisme extrême et un isolationnisme face à toute ingérence de politique étrangère.



Pour que l’organisation devienne aussi populaire que souhaité, les fondateurs mirent au point un questionnaire d’admission visant à s’assurer que les idées des candidats à l’intégration étaient conformes à celles du Klan (surtout en ce qui concernait les droits des Blancs sur les Noirs). Pourtant chaque « cellule » ouverte dans un Etat restait indépendante et autonome. La base structurelle était les fraternités d’étudiants déjà très répandues et évidemment fréquentées par les principales têtes du Klan, nées de l’influence britannique et allemande venue avec l’immigration bourgeoise et surtout coloniale.

D’où le nom même du Klan : le mot « Kuklos » vient du grec ancien signifiant « cercle ». James R. Crowe l’a adapté en deux mots « Ku Klux » ajoutant une allusion au latin « Lux » pour « lumière ». John C. Lester étant d’origine écossaise, il a proposé d’adjoindre l’idée de clan en changeant l’orthographe, ce qui a donné le Ku Klux Klan ou Klan ou encore KKK pour les familiers… Un autre lien rappelait et rappelle encore l’Europe aristocratique des ancêtres des membres du Klan, c’est le rituel d’introduction et l’organigramme interne empruntés à celui de la Franc-maçonnerie (certains membres furent à la fois dans le Klan et la Franc-maçonnerie).

Le premier grand chef du Klan fut nommé grand sorcier.

Leur folklore est basé sur le port d’une cagoule blanche pointue avec une robe de même couleur. Les chevauchées dans cette tenue visait à terroriser les Noirs qui, sans éducation et superstitieux, croyaient voir des fantômes de soldats confédérés venus se venger.






L’inspiration de ces costumes vient elle aussi d’Europe et surtout d’Espagne : ceux qui participent aux processions arborent pareilles cagoules.



Procession catholique espagnole...


Le Klan s’agrandit, comptant dans ses rangs des notables civils et militaires de l’ancienne Confédération sudiste : la seconde vocation du Ku Klux Klan sera d’être une armée secrète de résistance du Sud.



Forrest


Nathan Bedford Forrest, ancien général de la cavalerie reconnu pour son talent de stratège, devint le premier grand sorcier en 1867. Il mit en place une Constitution qui fixait les buts et le fonctionnement du Klan.

Tristement décalé d’y lire que le Ku Klux Klan se définit alors comme une « institution chevaleresque, humanitaire miséricordieuse et patriotique » qui a comme « but sacré » le « maintien de la suprématie de la race blanche dans cette république ». Par-dessus tout, les méthodes employées trahirent ces belles phrases !



Puisque la fin de la guerre de Sécession s’était traduite pour le Sud par un maintien des états du sud dans un ensemble national dont ils ne voulaient pas car bridant leur soif d’indépendance commerciale, sociale, politique et financière, par l’abolition de l’esclavage, et surtout une économie rurale ruinée, le Klan s’est présenté comme l’opposition par excellence. Contre les nouveaux droits des Noirs, pour une autonomie politique vis-à-vis de l’Etat. Pour que leurs prises de position aient un impact au niveau national, le Ku Klux Klan usa de tous les moyens : intimidation, chantage, corruption afin d’imposer ses candidats au parti Démocrate (le seul étant conservateur contrairement au parti Républicain) qui portaient alors les espoirs de nouvelles institutions plus proches de la mentalité du sud sécessioniste. Ces mesures eurent du succès (Comté de Columbia, en 1868, alors que les républicains comptaient 1222 voix pour l’élection du gouverneur de Géorgie, ils n’eurent plus qu’une seule voix lors des présidentielles, quelques mois plus tard).

Pour obtenir un tel résultat, Forrest, en sa qualité de grand sorcier et premier chef du Klan, sillonna tout le pays pour convaincre lors de réunions. Et après chaque visite, une vague de violence s’abattait sur la population noire des lieux visités. Croix brûlées devant les maisons, irruption chez leurs habitants noirs que les membres du Klan, enveloppés dans leur déguisement tristement célèbre depuis, fouettaient à mort ou pendaient dehors. Si les femmes étaient enceintes, elles étaient éventrées et leurs maris castrés. Tous ceux qui sympathisent de quelque manière que ce soit avec la population noire étaient visés de la même manière mais avaient droit à des visites préventives pour les faire changer de camp. Il en était enfin de même pour les « carpetbaggers », des candidats politiques installés dans une circonscription qui n’était aucunement la leur et ne l’avait jamais été (du genre un politicien élu du nord envoyé dans le sud pour accomplir son travail).





Les actes étaient alors si violents et connus que Forrest, anticipant une réaction des autorités de Washington, décida de dissoudre le Klan de manière officielle en 1869.

Mais il fallut attendre le 18 mai 1870 et l’assassinat en plein tribunal du sénateur républicain John Stephens pour que ces autorités réagissent véritablement. Le 20 avril 1871, la loi Ku Klux (The Klan Act) fut votée au Congrès des Etats-Unis pour abolir le Klan. Cette loi était le projet du nouveau président, lui-même ancien général nordiste de la Guerre de Sécession, Ulysses Grant. Il déclara la loi martiale dans 9 comtés de la Caroline du Sud pour permettre l’arrestation de membres du Klan. Mais la loi du silence fut la plus forte et la plupart furent libérés faite de preuve et de témoins.

Forts de cette victoire, et même s’il est interdit légalement en 1877, le Klan disparaît officiellement pour mieux poursuivre ses activités dans l’ombre.

Le bilan fut tout de même positif pour le Klan et ses sympathisants : la plupart des institutions purement sudistes retrouvèrent leur activité au grand jour, surtout le ségrégation raciale, aidée par l’émigration massive d’anciens esclaves vers les grands centres industriels qui était mal perçue car apportant du chômage… Ces anciens esclaves étant bien sûr moins demandeurs en matière de conditions de travail décentes et de salaire puisqu’ils avaient connu bien pire !



On assista alors à la mise en place d’autres organisations inspirées par le Klan mais moins importantes telles que la White League.





Mais l’histoire du Klan n’était pas terminée… En 1906, sortit un ouvrage intitulé «The Clansman » (l’homme du clan), « Klansman » étant le premier grade de simple membre du Klan, célébrant le Klan et faisant office de propagande à l'adresse des nordistes afin qu'ils reconnaissent les valeurs prônées pas le KKK.





Adapté au cinéma en 1915 sous le titre ‘The birth of a nation » (la naissance d’une nation), les deux supports de cet écrit célébraient le Klan, son histoire et ses valeurs. La popularité revint sur le devant de la scène et William J. Simmons, natif bourgeois de l’Alabama restaura ce qu’il appela « l’ordre des chevaliers de l’Empire invisible du Ku Klux Klan » au cours de la nuit du Thanksgiving de 1915.



Simmons


C’était le bon moment pour relancer l’opération de séduction : l’Amérique se lançait dans la Première guerre mondiale sur décision d’un président progressiste aimant l’Europe et prônant le droit public de libre-détermination des peuples mais les Sudistes et ceux qui étaient pour un isolationnisme politique et conservateur visant à protéger les USA de l’influence européenne y voyaient une prise de position opposée en tout à leurs valeurs. A cela s’ajouta les frais d’une guerre outre-Atlantique qui, finalement, revenaient à défendre les intérêts des anciens colonisateurs. Et si une des conséquences de cette guerre était une nouvelle vague migratoire depuis l’Europe ? Pour le Klan cela pourrait être synonyme d’invasion par des étrangers, un retour au colonialisme ou pire : le communisme, le socialisme, les appétits révolutionnaires, la libération des mœurs, des gens d’autres races….

Malgré l’existence de la loi anti-Klan, le nouveau Ku Klux Klan était redevenu légal, ouvert à tout un chacun, engrangeait des partisans venus de tous horizons politiques grâce au couvert d’une protection de l’ « authentique américain ». Quand on faisait partie d'une famille membre, l'éducation était un véritable lavage de cerveau!





Hélas, le président Wilson patronna discrètement le Klan et ses successeurs également, ce qui lui donna légitimité et ampleur. Le Vieux Sud fut vite envahit et dominé par cette fausse fraternité de masse. En 1920, on estime les membres du Klan à 5 millions et son influence politique était palpable, un quartier général s’installa même au cœur de Washington avec parades dans les rues de la ville !



Y en a qui manque pas d'air...


Plus qu’avant, les Noirs étaient des victimes désignées et pourchassées, mais aussi les immigrants, les juifs, les catholiques et tous ceux qui côtoyaient ou aidaient ces derniers. Lorsqu’ils restaient en vie, c’était pour être marqués au fer rouge du sigle KKK ! On les enduisait aussi de goudron pour ensuite les recouvrir de plumes afin qu’ils soient la volaille que l’on lyncherait dans les rues pour finir en pendaison sur un arbre.

La violence fut telle qu’elle réveilla au moins les politiques qui retirèrent leur soutien au Klan mais les lois telles que celle de la Louisiane interdisant le port de masques en dehors du Mardi Gras n’étaient pas très efficaces…



En 1928, le président Harding autorisa le FBI à intervenir suite à tout lynchage et le Ku Klux Klan fut de nouveau interdit par voie légale. La crise de 1929 affaiblit le Klan et ses opposants politiques mais on assista tout de même à la création d’une Commission des activités anti-américaines qui servit d’abord contre le Klan avant de devenir l’outil de persécution de la CIA dans les années 50 (influence des maccartistes).

De nouveaux adeptes rejoignirent le Klan ou montrèrent leur sympathie après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais. Mais des dissensions naquirent aussi du fait que certains membres étaient attirés par le nazisme alors qu'Hitler était désigné comme allié du Japon et donc ennemi de l’Amérique.

En 1944, les choses changèrent : une accusation d ‘impôts impayés depuis 1920 (685 000 dollars) fit mettre le Klan en liquidation judiciaire et disparaître de la scène publique.



Après cela, nombreux furent ceux qui tentèrent de donner une troisième vie au Klan mais sans succès. Bien que des groupuscules réussissent à instaurer une nouvelle vague de terreur dans les Etats du sud dans les années 50 et 60, surtout par le biais d’attaques ségrégationnistes, le Klan ne retrouva jamais sa gloire passée et surtout sa légitimité. De 5 millions en 1920, ils n’étaient plus que 10 000 membres en 1978 et cela diminua encore par la suite. D’autres organisations se formèrent, inspirées par les principes et surtout les méthodes du Klan, mais on y trouve toutes les tendances extrémistes (néo-nazis, skinhead, anti-avortement, pro-écolo, anti-communistes, anti-républicains…).



Passé dans la clandestinité, le Klan demeure très difficile à combattre par les institutions et les autorités, plus encore qu’autrefois. Il puise sa raison d’être dans les racines et le cœur de l’Amérique du sud aussi est-il toujours l’objet de sympathie d’idée même si celle-ci exclu les actes de violence. A cause de cela, le Ku Klux Klan est encore tabou aujourd’hui pour beaucoup d’Américains, surtout ceux qui vivent loin des grandes métropoles. Pour un aperçu de la poigne qu’avait le Klan sur l’ensemble de la population du Sud, je vous conseille « Mississippi Burning », ce film qui, bien que faisant un peu trop la part belle au FBI, dénonce ce qu’il faut comme il faut à partir d’un fait réel : l’assassinat de trois militants pour les droits civiques de passage dans l’Etat du Mississippi.





Sources : Wikipedia, Google images, Youtube.




 
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