Castelvania : Lords of Shadow

Castelvania : Lords of Shadow
par Mortback

Titre Original :
Plateforme(s) :
Genre :
Developpeur :
Editeur :
Multijoueur :
Langue :
Sortie Europeen :
Sortie US :
Sortie Japonaise :

 
 

Castelvania : Lords of Shadow 
Xbox 360, PS3,
Plate-forme et action, 1 Joueur 
Mercury Steam 
Konami
Non 
Sous titré en français 
06 octobre 2010 
 
 

 
 

Plus de 20 ans d’existence et autant d’épisodes que Konami nous enchante avec l'une des séries cultes les plus appréciées parmi les véritables joueurs, à quelques exceptions près. Car si Castlevania a connu ses lettres de noblesses sur le terrain de la 2D, il en est tout autrement avec les opus 3D pas toujours convaincants.

Alors quand l’éditeur confie son premier Castlevania sur consoles de salon que sont la 360 et la PS3 à un très jeune studio ibérique nommé Mercury Steam, la stratégie a de quoi interpeler. Coup de poker réussi ou coup d’épée dans la peau du vampire ?




Gabriel ou Gaby : Hallyday ou Bashung ?

Konami a tenté depuis plusieurs années d’utiliser le filon Castelvania dont les épisodes sur Game Boy Advance et DS ont rencontré un vif succès. Certes, nous trouvons les recettes habituelles, un chasseur de vampire, un château et bien entendu un bestiaire hors du commun. Pourtant, les volets sortis sur consoles de salon depuis la N64, ne sont pas exempts de défauts et l’éditeur japonais avait littéralement dévasté cette série culte et peu d’opus ont su tirer leur épingle du jeu, à noter les titres sur Ps2 sont une pure merveille et n’oublions pas le sublime SON sur Psone.




Castlevania : Lords of Shadow a tout fait pour susciter beaucoup d’appréhension. Déjà par le fait que le développement est assuré par les espagnols de Mercury Steam qui, sans remettre en cause leur savoir-faire, n’ont jusque-là pas montré grand-chose à part un Clive Barker's Jericho somme toute honorable. Mais ce sont surtout les premières vidéos de gameplay révélées qui ont désappointées tout le monde pour ne pas dire autre chose : on se retrouvait devant un simple beat’em all pour une saga qui, jusqu’ici, proposait un gameplay bien plus ouvert : de l’action, de la plateforme et même des éléments de RPG depuis le cultissime Symphony Of The Night. Pourtant, et afin de rassurer immédiatement les fans avant la crise cardiaque, Castlevania : Lords of Shadow se révèle aujourd’hui bien plus profond que cela et si cet épisode marque un tournant dans la série, pourtant on peut se poser la question, Le nom de Castelvania respecte t-il l'âme de ses ancêtres ?




Première constation, vous évoluez dans une époque médiévale sombre où les ténèbres et le désespoir règnent à cause d’un sortilège venu d’on ne sait où qui a séparé la Terre des bénédictions du ciel, rien que ça. A qui fait-on appel dans ces cas-là ? L’espoir de ce monde repose sur de preux chevaliers dont un certain Gabriel Belmont, ce nom est bien connu des fans de la série. Vous devez bien entendu sauver cet univers des puissances occultes.
En outre le héros est motivé pour d’autres raisons puisqu’il est à la recherche d'un masque mortuaire permettant de réssuciter sa tendre moitié. Chevalier de la lumière un peu naïf sur les bords, il va d’emblée faire étalage de tout son talent : muni d’une croix de combat qui dissimule en fait une chaîne d’attaque, il flagelle loup-garous et autres Wargs avec dextérité.




God of War killer ?

C’est alors que la crainte évoquée plus tôt refait surface : Castlevania : Lords of Shadow serait un BTA qui va tenter de surfer sur la vague d’un God Of War ? Il n’en est rien car le titre va proposer un renouvellement progressif des combats selon les adversaires rencontrés, et cela par différents éléments qui se débloqueront au fur et à mesure. A la croix de combat vont s’ajouter quatre armes secondaires : dagues de jet, eau bénite, fées "piégées" qui explosent, et un cristal noir permettant d’invoquer un démon qui nettoie tout sur son passage. La croix de combat permet au joueur de sortir différents combos plus ou moins efficaces qui peuvent être achetés en cumulant des points d’expérience.




Mais ces premiers éléments de gameplay vont se voir bonifiés après l’apparition des gemmes d’énergies neutres. Celles-ci peuvent être absorbées et converties en deux types de pouvoir : celui de la lumière ou celui de l’ombre, chacun associé à une jauge qui lui est propre. Les combats prennent alors une autre tournure puisque le pouvoir de la lumière déclenché, Gabriel verra sa barre de vie régénérée à chaque coup réussi, mais surtout certaines capacités de la lumière seront elles-mêmes mises en vente afin de vous faciliter la tâche. Il en est de même pour le pouvoir de l’ombre sauf qu’au lieu de vous redonner vie, c’est la puissance des coups qui est augmentée pour une jauge de l’ombre qui diminuera beaucoup plus vite que sa consoeur. A noter que les dernières capacités débloquables de la lumière et de l’ombre ont une efficacité qui frise l’indécence. Mais ce qui retient surtout notre attention est le fait que les combats proposent un vrai challenge et différentes approches notamment par la variété des combos associée aux armes secondaires qu’il vous faudra judicieusement choisir selon le monstre que vous croisez (pour peu que vous ayez choisi un mode de difficulté approprié). De plus les précieux items d’énergies neutres sont distribués en fonction du nombre d’enchainements effectués, exigeant ainsi du joueur de multiplier les combos avec intelligence. La répétitivité inhérente aux jeux d’action devient alors toute relative ici, chaque adversaire ayant une méthode adaptée à découvrir pour en finir plus rapidement. Il faut également savoir que le gameplay encourage fortement à réaliser des parades et autres esquives si vous souhaitez ne pas vous faire laminer rapidos. Voilà qui limite quelque peu le coté bourrin qui pourrait laisser transparaitre le titre.




D’autres accessoires se révèleront tout au long de l’aventure comme les bottes permettant le dash, le gantelet pour pousser des mécanismes ou détruire des éléments du décor, le double-saut, etc... autant de capacités passives qui donneront la possibilité d’atteindre des endroits jusque-là inaccessibles. Ces éléments seront disponibles au fil de l’aventure en récompense contre les gardiens, les seigneurs des ténèbres. Cet aspect du gameplay n’est pas sans rappeler les autres opus de la série et nous avons là un classique de l’exploration façon Castlevania où le retour aux précédents niveaux afin de tout dénicher est rendu possible aux adeptes du 100%.




Parce qu’un Castlevania ne peut se limiter à une répétition sans saveur de rixes, Castlevania : Lords of Shadow offre d’autres types de gameplay communs à la série : des phases de plateformes et des énigmes à résoudre. Ces dernières sont astucieusement réparties et leur complexité progressive, donnant éventuellement la possibilité aux joueurs fainéants d'avoir la solution directement. Mais comme dans la vie rien n'est gratuit, le bonus de résolution partira en fumée si cette option est choisie. Libre à vous de vous creuser la tête ou pas. En revanche les phases de plateforme ont un intérêt bien plus discutable, la faute en premier lieu à une caméra fixe qui plombe d’entrée l’exploration des niveaux et en particulier les phases de saut. Le sentiment de linéarité est omniprésent même dans un environnement ouvert : les forêts n’ont pas de sentiers mais des couloirs, et les murs invisibles sont légions. Si une chose est à regretter dans ce jeu, c’est bien le manque de liberté dans l’exploration des niveaux alors que ceux-ci s'y prêtaient volontiers. Toutefois certains moments du jeu combinant plateforme et énigme sont tout simplement jubilatoires et bourrés d’ingéniosité à l’image d’un niveau se déroulant dans une boîte à musique.




Une chose est certaine, l’originalité ne fut pas le mot d’ordre dans les bureaux de Mercury Steam. Au lieu d’innover les développeurs ont plutôt misé sur des valeurs sûres dans les mécanismes de gameplay présents : QTE à la God Of War, affrontement de golems titanesques rappelant Shadow Of The Colossus, phases de plateforme dirigistes façon Uncharted, le tout offre un savoureux mélange des genres même si les puristes auront vite fait de crier au plagiat, la plupart du temps à raison. Mais le tour de force réussi par le studio espagnol est d’avoir rendu tout cela cohérent à travers une aventure composée tantôt de moments de bravoures, tantôt de situations grisantes car périlleuses, sans jamais perdre le joueur dans l’ennui bien que certains passages manquent de rythme, la faute encore une fois à cette satanée linéarité qui donne parfois l’impression d’être véritablement sur des rails.




Inspiration multiples

Castelvania LOS emprunte aux meilleurs titres du genre, cependant il n’en est pas moins dépourvu de personnalité et dans ce domaine que nous retrouvons les ingrédients chers à la série de Konami. Outre le bestiaire composé des habitués de la maison (loup-garous, vampires, zombies, soldats-squelettes, La Mort, etc…), un tiers du jeu se déroule dans un château de pur style gothique, fief de la reine des vampires, un des trois seigneurs de l’ombre qu’il vous faudra occire pour ramener la paix.
Mais alors quid du big-vilains en chef Dracula ? Comble de l’horreur pour le fan, le prince des ténèbres est aux abonnés absents. Enfin pas tout à fait, nous vous laissons la surprise de le découvrir vous-même...




Si l’univers dépeint dans Castlevania : Lords of Shadow s’inscrit très bien dans l’ensemble de la saga, nous constatons quand même un changement de cap sur de nombreux points. Le gothisme marquant l’ambiance de chaque opus (que ce soit dans les lieux visités ou la musique) se voit ici réduit sans disparaître totalement pour laisser place à un univers plus "fantasy" parsemé de nombreuses références : la forêt de l’ancien dieu Pan (coucou Guillermo), gobelins et trolls peuplant marais et ruines d’un autre temps, une bande originale rappelant les plus belles partitions d’Howard Shore dans Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, etc... Une nouvelle orientation qui finira d’achever les uns pendant que les autres y verront une réussite subtile dans la manière de s’approprier un univers réputé immuable pour en faire une œuvre moins cantonnée au concept originel.
La dernière production de Konami essaye de puiser dans l’héritage qu’il est censé porter à l’image de la qualité du travail graphique indéniable. Les décors passent du très beaux au magnifique, les animations et les effets techniques sont plus qu’honorables, et cette peste de caméra fixe nous octroie de temps en temps quelques plans absolument divins. Quelques chutes de framerate par-ci par-là sont à relever mais rien de vertigineux. On pourra également reprocher un manque d’animation dans des décors aux arrière-plans somptueux mais figés, donnant au joueur un sentiment de vide, ou peut-être de contempler une peinture dépourvue de mouvements.




En ce qui concerne l’histoire, Castlevania : Lords of Shadow respecte totalement l’esprit de ces ainés : une profonde mythologie constituée paradoxalement de scénarios épisodiques totalement insignifiants. En effet, Si les objectifs à court terme de Gabriel ne parviendront jamais à nous enthousiasmer car trop plats (sauve ton amour, sauve le monde...), la mise en scène et les véritables implications dévoilées à la fin redonneront au titre un peu plus d’intérêt, notamment par une vidéo post-générique de fin, véritable twist final apportant bien plus d’ampleur à l’ensemble de cet épisode et même à la saga toute entière. On peut y voir la marque de fabrique de Kojima Productions qui a participé à la conception du jeu, boostant la mise en scène et la narration. Et certains vous avoueront qu'il s'agit un renouveau de la série, façon l'origine de la Saga, mais ais-je trop dit du scénario ?!




La durée de vie est plus que conséquente pour ce genre de titre sous plusieurs aspects : d’une part les douze chapitres vous demanderont entre 15 et 20 heures de jeu selon vos aptitudes au pad et si vous êtes du genre à tracer en ligne droite, même si nous ne saurions que trop vous conseiller de prendre le temps de chercher les reliques disséminées dans les niveaux afin d’améliorer vos compétences. D’autre part les chapitres eux-mêmes sont hachurés en plusieurs niveaux qui peuvent être revisités à tout moment pourvu qu’ils soient terminés au moins une fois évidemment. Le menu principal en forme de livre vous révèlera alors le détail du niveau comme par exemple le nombre de reliques présentes, ainsi qu’un défi propre au niveau (du style tuer une trentaine de gobelins d’une certaine façon ou résoudre une énigme dans un temps limité). Autant dire qu’il vous faudra pas mal d’heures supplémentaires ainsi qu’une bonne dose de dextérité pour atteindre les 100 %.




Une petite copie, oui, j’étais fatigué ?

Alors qu’on pouvait craindre le pire suite aux derniers opus sortis sur console de salon ce Castlevania aura réussi le pari de la 3D sur nos consoles "next-gen" mais pas de la manière attendue. Sans parler de rupture totale avec les épisodes précédents, Konami a donné carte blanche au studio espagnol de Mercury Steam pour emmener la série dans une nouvelle direction moins gothique et plus fantasy au risque d’entamer le divorce avec les puristes. Le titre garde quelques éléments de base pour les intégrer dans un jeu d’action/plateforme/énigmes fort bien conçu, graphiquement travaillé, piochant de-ci de-là des ingrédients d’autres jeux à succès rendant au passage les combats épiques. L’ensemble est mitonné aux petits oignons, le gameplay riche et varié permet de faire oublier un arrière-goût de linéarité très désagréable ainsi que le manque d'envergure général d'un jeu où il y avait la place pour voir plus grand. Un titre qui permettra toutefois à Konami de partir sur de nouvelles et solides fondations pour une saga vidéoludique culte qui n’a pas donné son dernier coup de fouet.




Pourtant Konami a réussi son pari en relancant la série, au détriment des fans de la première heure. L’éditeur a voulu surfer sur la mode des BTA, mais en gardant l’esprit le nom Castelvania, du moins dans les grandes lignes. On regrettera le manque d’armes comme le fameux boomerang ou bien le lancer de haches, bien connu des fans. Un détail déjà signalé concerne la réalisation du titre, Castelvania n’est plus Castelvania, on ressent une présence européenne qui dérangera une nouvelle fois les vieux joueurs comme moi, à l’image de Resident Evil 5, un sentiment bien étrange à définir. Mais ne boudons pas notre plaisir, nous avons là sans doute l’un des meilleurs titres de l’année 2010.




- Richesse du gameplay,
- Mélange des genres intelligemment dosé,
- Univers graphiquement bien conçu,
- Mise en scène rythmée,
- Musiques joliment orchestrées,
- Très bonne durée de vie.


- Récit qui met trop de temps à se lâcher,
- Des lieux manquant de vie,
- Touche trop européenne.


Note Globale : 17.00/20

 
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