Asimov Isaac
par ana
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Difficile d’aborder la complexité de l’œuvre comme de la personnalité d’Isaac Asimov, exercice risqué mais que je suis heureuse de tenter pour la Vallée du Blabla.
Beaucoup de gens pensent connaître l’écrivain tant ses romans ont inspiré des adaptations diverses, de qualité parfois très inégale ( le film adaptant « I-Robot » va à l’encontre de l’idée même d’Asimov qui ne supportait pas le simpliste scénario de la créature qui se rebelle contre son créateur) qui offrent un aperçu de ce que peut être l’univers d’Asimov aux profanes.
Mais parlons donc de ce pionnier en matière de littérature de science fiction…
Isaac Asimov est né entre le 14 octobre et le 2 janvier 1920 d’après ce que l’on en sait (le mystère demeure puisque la région de sa naissance était parmi les plus reculées de Russie, près de Smolensk, mais il fêtait son anniversaire le 2 janvier), à Petrovitchi en Russie. Ainsi que son prénom l’indique, il est issu d’une famille juive qui gagna les Etats-Unis en 1923.
Il fut naturalisé à l’âge de 8 ans et grandit à Brooklyn. A 5 ans, il apprit seul à lire l’anglais mais passa sa jeunesse à travailler dans le commerce familial, lieu de découverte pour lui puisque ses parents vendaient des magazines de science-fiction anglo-saxons. Passionné par ce genre nouveau et plein de promesse, le jeune Isaac entreprit d’écrire des nouvelles dès l’âge de 11 ans.
Malgré cela, il suivit une scolarité assez classique et suffisamment brillante pour obtenir une bourse et entrer à l’université de Columbia.
Féru de sciences, il passe une licence spécialisée en 1939 suivie d’une maîtrise de chimie (1941) et d’un doctorat de biochimie (1948). Fort de ces diplômes, il décrocha un poste de chargé de cours à l’université de Boston. Mais ces années d’études acharnées furent entrecoupées de rudes épisodes puisqu’il participa à la Seconde Guerre Mondiale au titre de caporal et refusa ardemment de participer aux essais de la bombe atomique américaine en 1946.
Malgré cela, il ne cessa d’écrire et sa première nouvelle publiée sortit en 1939 sous le titre de "Marooned Off Vesta" ( "Au large de Vesta"). Le rédacteur en chef de la revue "Astounding Stories" l’encouragea à écrire plus encore et Asimov y publia une quinzaine de nouvelles jusqu’en 1941. Il se maria en 1942 et eut deux enfants. Lorsqu’il servit sur le front, il était déjà réputé comme auteur de science fiction mais ne se consacra pleinement à l’écriture qu’après 1958, année de son licenciement. Prolifique, il prenait tant de plaisir à créer des mondes et des aventures qu’il écrivit sans relâche.
Sa carrière d’auteur débuta avec la sortie de « Quand les ténèbres viendront » en 1942 après de nombreuses publications occasionnelles. Le livre se vendit très bien et devint vite un classique du genre. Par la suite, Asimov écrivit des romans policiers, des nouvelles et poursuivit dans le domaine de la science fiction avec une des pierres angulaires de son œuvre, les robots ( « L’homme bicentenaire » ). Il se plaisait à inviter l’esprit déductif de son lecteur.
En 1973, après trois ans de séparation, il divorça pour se remarier la même année. Mais l’écriture fut plus que jamais la part majeure de sa vie personnelle comme créative et professionnelle.
Il mourut le 6 avril 1992 des suites d’une insuffisance cardiaque et rénale causée par le développement du virus du SIDA, maladie de notre temps qu’il avait contractée suite à une transfusion sanguine lors d’une opération en 1983. Le fait qu’il ait souffert de ce virus hautement médiatique était resté secret jusqu’à la parution d’un autobiographie éditée après son décès en 2002. Asimov ne souhaitait pas cacher sa maladie mais aurait été dissuadé d’en parler suite aux conseils de ses médecins et amis craignant pour sa réputation et les retombées des préjugés sur sa famille.
Isaac Asimov laisse un héritage de centaines d'ouvrages regroupant de la science fiction, des livres vulgarisant les sciences pour les profanes, des romans policiers, des histoires pour la jeunesse et des choses étonnantes telles qu’une Bible expliquée par ses soins ou un Guide des œuvres de William Shakespeare.
Ceux qui ont eu la chance de le côtoyer mais également ceux qui ont lu son autobiographie ( « Moi, Asimov » ) le décrivent comme un homme à l’égo développé mais profondément humain, possédant un sens de l’humour qui façonnait son orgueil en quelque chose de chaleureux et d’amusant. Il s’était affranchi de son héritage juif puisqu’il se décrivait comme un athée rationaliste, sûrement à cause de sa passion pour la Science.
Les puristes voient la psychohistoire (science née de son imagination et expliquant l’histoire de l’humanité par l’étude statistique des comportement de groupes afin de prévoir l’évolution future de l’Humain) comme le fil conducteur de son travail et surtout de la série "Fondation" dans laquelle trois sources se regroupent : la cybernétique, la psychanalyse et le marxisme.
Asimov possédait des connaissances éclectiques nées d’une passion sans égale pour les mystères de la Science et des technologies, et s’est efforcé dans chacune des lignes qu’il mettait sur papier d’en apporter une part à ses lecteurs, de leur ouvrir les portes d’un univers que peu de gens peuvent aborder tant il est complexe.
C’est la première qualité des romans d’Asimov : vulgariser sans abîmer ni salir le mythe scientifique afin non de le rendre perméable aux esprits amateurs mais seulement de permettre aux curieux à l’imaginaire avide de s’élever à un niveau supérieur de connaissance au travers du simple et pur plaisir de lire.
On retrouve cette intention d’abord dans une écriture fluide et simple qui ne s’encombre pas d’adjectifs ni de termes techniques indigestes. Seule la trame de l’histoire est sur le devant de la scène et peut être pleinement savourée par le lecteur. Le dialogue est à ce titre le premier vecteur de ses histoires.
Les deux grands thèmes d’Asimov restent les robots et la psychohistoire.
Nombreux sont les romans et nouvelles attachés à ces thématiques, regroupés en cycles mais formant une seule et vaste histoire.
Le Cycle des Robots est étalé sur plusieurs millénaires. Le genre en est complètement renouvelé. Les robots « positroniques » sont gouvernés par les Trois Lois afin de protéger les humains, lois qui sont à priori parfaites et inviolables. A priori seulement puisqu’Asimov se plaît à construire des intrigues et aventures démontrant que tout ceci n’est qu’illusion. Le jeu dans lequel Asimov entraîne le lecteur consiste à déceler les failles du système dont il a posé les bases. On se retrouve face à un univers complexe mais abordé avec la simplicité d’un bon roman policier.
Deux robots deviennent des héros emblématiques de son cycle et réinventent leur espèce et son rapport à l’humain. Ce thème si cher à l’auteur peut être considéré comme un plaidoyer du scientifique humaniste qu’il était, appelant ses semblables à une tolérance absolue oubliant les préjugés nés du carcan hérité de l’histoire humaine.
Le Cycle de Fondation (prix Hugo 1966 de meilleure série de tous les temps) imagine le futur de l’Humanité. Bien que l’histoire commence par l’effondrement d’un empire galactique et oblique sur l’invention d’une nouvelle science ( psychohistoire ) visant à prévoir l’avenir pour en éviter les pièges, elle est limpide puisque reprend des repères connus, depuis la cause de la mort des grands empires (Ottoman, Romain) ou l’ascension de personnages charismatiques (Jules César, Alexandre le Grand, Napoléon 1er) qui se révèlent de grands manipulateurs.
Etrangement, ces deux cycles ne formaient pas encore un tout lorsqu’ils furent terminés. Mais le succès aidant et la demande du public comme des éditeurs l’inspirant, Isaac Asimov construisit d’autres récits destinés à faire le lien. L’ensemble final peut se diviser en 5 parties, ou cycles qui peuvent être lus séparément les uns des autres mais sont classés chronologiquement.
Pour résumer, on pourrait les classer ainsi :
_ La fin de l’Eternité, (1955)
_ I-Robot, (1950)
_ Un défilé de robots, (1964)
_ Le robot qui rêvait, (1988)
_ Nous les robots, (1982)
_ Les cavernes d’acier, (1956)
_ Face aux feux du soleil, (1970)
_ Les robots de l’Aube, (1983)
_ Les robots et l’Empire, (1986)
_ Prélude à Fondation, (1988)
_ L’Aube de Fondation, (1992)
_ Fondation, (1951)
_ Fondation et Empire, (1952)
_ Seconde Fondation, (1953)
_ Fondation foudroyée, (1982)
_ Terre et Fondation, (1986)
Parmi la large quantité d’écrits, on trouve également un autre cycle signé du pseudonyme Paul French ; le "Cycle de David Starr". Le héros est un enquêteur du comité scientifique terrestre chargé d’élucider des énigmes apparues sur les différentes planètes du système solaire colonisé. 6 tomes présentent 6 enquêtes dans des contextes similaires mais aux décors changeant d’une planète à une autre.
Je ne vous citerai pas toutes les nouvelles qui s’apparentent au gros œuvre d’Asimov, sauf peut-être le « Cycle des Veufs noirs » qui est une suite de nouvelles policières reprenant un des principes d’écriture d’Agatha Christie puisqu’il met en scène un groupe de six membres procédant à la résolution d’énigmes.
A cela s’ajoute encore de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique sur des sujets très variés tels que la Bible, les fusées, satellites et sondes spatiales, la course à l’espace, la pollution de l’espace, les OVNI, la science fiction comme démonstration de faits scientifiques, la comète de Halley, etc…
Plus de 21 prix à son actifs, dont un prix Asimov créé par les lecteurs, couronnent son travail de par le monde.
Comme dit en introduction, les adaptations cinématographiques sont de qualité discutable, seul « L’homme Bicentenaire » de Chris Columbus respecte le roman original (1999). Aussi ne puis-je que vous conseiller de vous plonger dans les romans papiers de cet auteur fascinant qui a su offrir son génie et son esprit éclairé à l’imaginaire collectif, contribuant à la reconnaissance de la science fiction comme un genre littéraire à part entière.
Source : Wikipédia, Fnac, Google images.
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