TURNER Tina

TURNER Tina
par ana









  
 
 







 
 






Celle que l’on surnomme affectueusement la « mamie » du rock est sans nul doute une des figures phares du rock américain, à tel point que ses concitoyens lui ont donné le titre de Reine du Rock’n roll.

Issue d’un mélange exotique, Tina Turner est d’ascendance afro-américaine bien sûr mais aussi européenne et améridienne (Cherokee et Navajo).

Elle a vendu plus de places de concert que les Rolling Stones pourtant détenteurs de nombreux records !





Mais tout ne fut pas rose pour cette grande dame qu’est devenue Tina Turner.

Ceux qui ont vu l’excellent biopic simplement baptisé « Tina » avec Angela Basset et Laurence Fishburne le savent déjà mais revenons aux sources.



Anna Mae Bullock est née le 26 novembre 1939 au fin fond du Tennessee, à Nutbush. Ses parents sont, à cette époque peut glorieuse pour l’ensemble du monde économique, victimes d’une certaine ségrégation qui perdure alors puisqu’ils occupent des emplois durs et peu considérés d’employés d’usine et de métayer (il fallait deux emplois pour que Papa assure le quotidien).

Anna Mae a une grande sœur, Alline, qui sera très importante pour elle dans sa vie, d’autant qu’elles furent très tôt abandonnées par leur père et, pendant un temps, par leur mère… partie à Saint Louis pour trouver une meilleure qualité de vie. Lorsqu’elle retrouve sa mère dans cette grande ville, Anna Mae a 17 ans.



Suivant sa sœur dans les clubs, Anna Mae rencontre un musicien qui jouit déjà d’un certain succès, Ike Turner. Séduite par l’homme et sa musique, Anna Mae lui propose de chanter pour lui. Sceptique puis étonné de la puissance de sa voix dans un si petit corps, Ike prend Anna Mae comme choriste occasionnelle pour ses spectacles. Tout n’est pas facile mais Anna Mae vit un de ses rêves alors elle accepte de n’être qu’une des nombreuses maîtresses de Ike qui, pourtant, est déjà père.

En 1960, Ike devait enregistrer « A fool in love » mais comme il ne se présente pas, on demande à Anna Mae de le remplacer. Le single est un énorme succès R&B. Ike change le nom d’Anna Mae en Tina et la demande en mariage.


Au temps des jours heureux...


Entre 1960 et 1970, le groupe formé par Ike et Tina Turner enchaîne les succès. Ike ne s’adapte que peu aux nouveaux styles musicaux mais Tina contre-balance ça en développant un style scénique unique à l’époque, mêlant les rôles de chanteuse, danseuse qui sait mieux que beaucoup entraîner les foules de spectateurs dans le rythme.



Live pour la TV, une énergie déjà prégnante, et une belle communication avec le public : "vous savez qu'on ne chante jamais doucement... Nous allons donc commencer cette chanson doucement et la terminer en version brutale !"


L’idée mûrit et d’autres danseuses viennent s’ajouter à la formation du groupe pour la scène, ce sont les Ikettes. Leurs performances ont même influencé des artistes tels que Mike Jagger.

De nombreux tubes sortent dans les bacs durant ces années, tous signés Ike Turner : « Its Gonna Work Out Fine », « I Idolize You », « River Deep Mountain Hight » (sublime).








Mais en dehors de l’industrie musicale, dès que le rideau tombe, Tina Turner vit un enfer quotidien : Ike Turner se drogue, la bat et la trompe avec des groupies de passage et les Ikettes. Tina se retrouve même à élever au sein de son foyer les enfants qu’il a eu hors mariage…

Elle apprend vite à dissimuler les traces de coups sous des couches de maquillage pour les shows.




A la fin des années 60, Tina découvre le rock et le duo reprend lors de ses concerts des chansons en vogue telles que « Come Together », « Honky Tonk Women », « I Want to Take you Higher », « Proud Mary » qui deviendra le tube signature de Tina et un de ses plus anciens standards. Ce fut aussi le plus grand succès commercial du duo Ike et Tina Turner. Pourtant, Ike ne changeant pas vraiment de style dans ses créations, et l’addiction à la drogue aidant, ils ont souvent des soucis d’argent. Bien que des stars telles que Elton John, les Rolling Stones, David Bowie, Janis Joplin, Cher, Ray Charles, Elvis Presley acclament leur talent, les succès se font parfois attendre.

Ike étant à la fois manager et directeur artistique, le rythme de vie de leur duo se révèle souvent harassant. Ils pouvaient se produire dans un club du Sud un soir et devoir être au top la semaine suivante pour un gros concert à Las Vegas ou pour un show télévisé. Tina est prisonnière de la main de fer d’Ike qui décide tout et seul. Trop sûr de ses succès passés, de sa réputation comme pionnier du rock, Ike Turner ne voit pas venir la déchéance qu’entraîne sa consommation de cocaïne et d’alcool. Peu à peu son caractère irascible et ses crises de violence dépassent le cadre intime et ils perdent plusieurs contrats. Les ventes chutent également.



Milieu des années 70, la sœur ainée de Tina, Alline, qui n’avait plus beaucoup vu la jeune femme durant les dernières années suite à la volonté maladive qu’avait Ike de la couper de ses proches pour mieux la tenir au service exclusif du groupe, la retrouve et la soutient de son mieux, l’encourageant à vaincre sa peur de son mari et l’initiant au bouddhisme. Trouvant enfin la force de faire le grand saut, Tina Turner quitte son époux au soir du 4 juillet 1976, alors qu’un concert les attend. La petite histoire veut qu’elle se soit littéralement sauvée après une énième série de coups, avec pour seul bagage son sac à main vide d’argent et de papiers. Le gérant du premier hôtel modeste dans lequel elle trouva refuge lui offrit une chambre sans hésitation, accablé par l’état de son visage et heureux de rendre service à l’artiste qu’il appréciait.

Dès le lendemain, elle commence une cavale de 6 mois, logeant chez des amis et vivant grâce à des aides pour femmes battues.



Pourtant, ce coup d’éclat n’est pas une libération : en quittant délibérément la scène, elle se retrouve responsable des frais engagés dans tous les contrats déjà signés au nom de Ike et Tina Turner ! Puisqu’elle a besoin d’argent, elle va faire ce qu’elle a envie de faire depuis longtemps : une carrière solo et chanter du rock bien à elle. Elle débute doucement, par des apparitions à la télévision ou dans des clubs, reprenant les standards d’autres artistes.

En 1978, son divorce est officiellement prononcé. Elle le facilite en ne réclamant qu’une chose : pouvoir garder son nom de scène Tina Turner. Elle assume également les dettes dues aux annulations qu’elle a causées par sa fuite.

Ses enfants, les siens propres et ceux qu’elle a élevés, sont partagés. Mais ceux qui prennent d’abord le parti de leur père comprendront bien vite leur erreur et reviendront vers elle.



Elle doit attendre les années 80 pour que sa carrière décolle.

Malgré ses efforts et des collaborations de pro qui connaissent son talent, le succès de ses deux premiers albums solo n’arrive pas. Mais sa popularité comme « bête de scène » est bien ancrée, surtout en Europe, et le label anglais Capitol lui fait signer un contrat. Elle se partage entre les Etats-Unis où elle donne des petites prestations et l’Europe où elle remplit les salles avec ses anciens tubes réadaptés.

1983 : le tube « Let Say Together » est classé 5eme en Angleterre et 20e aux Etats-Unis, mais cela reste encore du R&B. Pourtant, Capitol mise sur un album entier. Des valeurs sûres de la musique collaborent à ce disque ( Mark Knopfler écrit la chanson « Private dancer ») qui sort en 1984 et annonce avec fracas le retour de la diva. « Private dancer » enchaîne les succès : vente de l’album comme de ses singles. « What’s Love Got To Do With It » est élue meilleure chanson de l’année aux Grammy Awards qui lui remettent également les prix de chanteuse de l’année, album de l’année et chanteuse pop de l’année ! En tout, cet album s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires depuis sa parution.

Private dancer le clip

Tina peut enfin souffler : elle s’est faite SA place !

Elle enchaîne les duos et les collaborations : Bryan Adams, Michaël Jackson pour « We are the world », les Rolling Stones l’invitent sur scène, Rob Stewart…

What's love got to do with it, le clip

Elle s’amuse aussi avec une apparition au cinéma dans Mad Max 3 dont elle interprète la chanson phare « We don’t need another hero » ». Ces détentes cinématographiques seront par la suite un vrai plaisir pour elle (« Last action Hero »).



Chacun de ses disques est un succès et ré-affirme son attachement au rock par la puissance de sa voix tout à fait exceptionnelle. En 1986, elle entre même au Guiness des records après avoir chanté devant 184 000 spectateurs, le plus grand concert payant jamais organisé !

C’est aussi en 1986 qu’elle s’installe à Zurich avec son nouveau compagnon et acquiert une villa en France.







Dans les années 90, Tina vit un rythme plus tranquille que ce qu’elle a vécu jusqu’alors. Elle prête sa voix à des musiques de films (« Goldeneye », « Jours de tonnerre »), des campagnes de pub (« It takes two » pour Pepsi en duo avec Rob Stewart) et sort peu de disques mais toujours suivis de grandes tournées qui prouvent son attachement à son public.







Son plus grand single de cette décennie est « The Best », devenu un hymne sportif au Royaume-Uni et la chanson fétiche de quatre athlètes de renom : le boxeur Chris Eubank, le champion de formule 1 Ayrton Senna, le hockeyeur Wayne Gretzky et la tennis woman Martina Navratilova.

Le premier Best of de Tina, intitulé simplement « All The Best » sort également au cours de ces années et remporte un grand succès.



Tina poursuit sa carrière maintenant assurée en s’amusant mais toujours avec goût puisque ses disques restent parmi les meilleures ventes et lui valent de nombreuses récompenses. Elle s’embarque également dans des tournées monumentales, telles « Tina, What’s Love Live » qui parcourt les Etats-Unis et l’Australie ou encore sa tournée record, « Wildest Dreams World Tour » en Europe. Cette série de concerts reste la plus lucrative jamais organisée (et oui, même Madonna n’a pas fait mieux ! ) et a réunit un public gigantesque. Y participent certains de ses amis pour des duos comme le chanteur italien Eros Ramazzotti (« Can’t Stop Thinking of You »).






Evidemment, le monde de la musique reconnaît Tina Turner comme une vraie diva, et ce ne sont pas seulement ses nominations et ses prix qui le prouvent mais aussi des manifestations publiques d’admiration. Elle en a reçu une magnifique preuve lorsqu’elle a ouvert les festivités du concert VH1 Diva’s Live 99’ qui réunissait plusieurs grandes voix anglo-saxonnes pour un show : des stars telles que Whitney Houston, Cher, Mary J.Blige ou Elton John et surtout le public lui firent pas moins de quatre « standing ovations » dans la soirée.




On sait aussi qu’en 1996, la France lui a offert le titre de Chevalier des Arts et des Lettres.



Avec la sortie de son 9ème album, « Twenty Four Seven », Tina annonce que la tournée suivante sera la dernière. Le disque reprend quelques succès sûrs mais présentent aussi des nouveautés aux rythmes dance et électro en vogue. Elle met le paquet puisque ce show se place comme la plus grosse tournée de l’année 2000.

I can't stop the rain sur scène, toujours la pêche!

Depuis 2007, la diva vit en retrait de la scène mais participe encore à certains projets, notamment des duos (avec Phil Collins pour le Disney « Frère des Ours »). En 2005, après un concert privé donné en Russie, elle se voit décerné le titre de l’un des 25 légendes noires américaines qui ont su briser les barrières de la ségrégation et des préjugés sociaux et moraux par leur travail. Dans le même temps, elle rejoint la très fermée Kennedy Center Honors au centre JFK de Washington qui comptent une poignée d’artistes.



Les artistes qu’elle a inspiré et auxquels elle a ouvert la voie d’une musique qui se moque de la couleur de peau lui rendent encore hommage (Beyonce, Queen Latifa…). Au cours d’une de ses émissions, l’adorée des téléspectateurs américains, Ophra Winfrey a dit ces mots : « We don’t need another hero. We need more heroines like you. You make me proud to spell my name w-o-m-a-n[…] Tina Turner didn’t just survive, she triumphed .» (« Nous n’avons pas besoin d’un autre héros. Nous avons besoin de plus d’héroïnes telles que toi, Tina. Tu m’a rendue fière de de porter mon nom de f-e-m-m-e,[…] Tina Turner n’a pas seulement survécu, elle a triomphé. »).



Beyoncé rendant doublement hommage à Tina Turner présente dans la salle.

Au final, Tina est encore sollicitée par des producteurs talentueux et elle accepte d’enregistrer de nouvelles chansons en 2007 et retourne sur scène pour un concert de charité à Londres. Par la suite, les collaborations continuent de garder Tina Turner sur le devant de la scène à intervalles réguliers : une contribution à un album hommage à Joni Mitchell (« Edith and Kingpin »), un duo pour le nouvel album de Santana (« The Game of Love ») qui reprenait un ancien duo jamais sorti.



Lorsque Ike Turner décède ignoré de tous, fin 2007, Tina Turner fait savoir qu’elle n’avait plus aucun contact avec lui depuis 35 ans et refuse tout commentaire.



Ses dernières apparitions marquent encore les esprits : au 50ème anniversaire des Grammy Awards, elle chante en duo avec Beyoncé. A 68 ans, elle fascine encore ses pairs et son public par la qualité de sa prestation et son énergie. A tel point qu’une tournée en mise en place pour octobre 2008.





J’admire Tina Turner en tant que femme bien entendu mais aussi comme une artiste qui a beaucoup sacrifié d’elle-même pour sa passion. Si cette fusion avec la musique fut aussi son meilleur atout pour se sortir de situations qui en aurait fait reculer plus d’un, elle n’a jamais trahi son public, elle a su se réinventer pour le séduire à nouveau et prouver qu’elle était quelqu’un hors de la cage construite par Ike Turner. Enfin, sa manière de rester proche de ceux qui aiment sa voix au détriment d’une production plus importante de disques a montré qu’il n’est pas nécessaire de fabriquer des albums à la chaîne pour se garder la première place dans le cœur de ses admirateurs. Tina Turner est, à de nombreux titres, un exemple vivant de vraie réussite artistique.



Discographie sélective :



_ Tina Turner the Country on (1974)

_ Acid Queen (1975)

_ Rough ( 1978)

_ Love Explosion ( 1979)

_ Private dancer ( 1984)

_ Break Every Rule (1996)

_ Foreign Affair (1989)

_ What’s Love Got To Do With It (1993)

_ Wildest Dreams (1996)

_ Twenty Four Seven (1999)

_ All the Best (1999)

_ Something special (2007)


Sources : Wikipedia, YouTube, Film "What's Love Got To Do With It".




 
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