Déchirure (La)

Déchirure (La)
par ana

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Année de sortie :
Origine :

  
  

The Killing Fields 
Roland JOFFE 
Enigma (Firts Casualty) Ltd, Goldcrest Films International, International Film Investors 

Sam Waterston, Haing S. Ngor, John Malkovitch, Julian Sands 
Guerre, drame 
1984 
Grande Bretagne, USA, Cambodge 

 
 






Scénario : Bruce Robinson d’après les témoignages de Sydney Schanberg et Dith Pran
Musique : Mike Oldfield
Durée : 138 min
Prix : Golden Globe et Oscar du meilleur acteur second rôle pour Haing S. Ngor ; Oscar de la meilleure photographie pour Chris Menges ; Oscar du Meilleur montage pour Jim Clark ; BAFTA du meilleur film ; classé parmi les 100 meilleurs films anglais par la British Film Institute.


Synopsis.


1973/1975, Phnom Penh.

Le conflit opposant le parti communiste des Khmers rouges à la royauté cambodgienne a atteint un niveau international avec une prise de position des deux grands acteurs de la guerre froide. L’armée US est sur place et s’efforce de repousser l’avance des Khmers rouges. Cependant, le soutien à l’armée républicaine est insuffisant et maladroit, il cause plus de morts parmi la population civile qu’autre chose. C’est dans ce contexte de chaos total que Sydney Schanberg, reporter international pour le New York Times remet enfin le pied au Cambodge après quelques jours passés loin du conflit. Mais il comprend très vite que la situation a dérapé en une nuit : son traducteur et assistant Dith Pran, un journaliste cambodgien, lui annonce qu’une bavure a été commise, un bombardement aveugle, tuant des soldats US mais aussi des soldats alliés et beaucoup de civils.






En dépit des interdictions, Sydney demande à Dith de trouver un moyen de se rendre sur la ville bombardée. Ils enquêtent ensemble et sont témoins non seulement de l’horreur de la guerre mais surtout du fait qu’aucun allié ne peut plus sauver le régime en place : les khmers rouges avancent un peu plus chaque jour, poussant des milliers de réfugiés vers Phnom Penh. Sydney est un acharné, il veut dénoncer, alerter l’opinion publique des manquements de l’armée et des politiciens de son pays envers le Cambodge. Mais il va très loin, si loin qu’il manque de se faire tuer, prendre en otage…










Chaque fois, Dith le sort de ces pièges. Alors, lorsque l’heure de l’évacuation a sonné, Sydney tente tout ce qu’il peut pour sortir son ami du pays. Car un intellectuel qui a frayé avec les Américains est sûr de se faire exécuter s’il est pris par les communistes Khmers… les choses ne se passeront pas comme prévues et Sydney remuera ciel et terre pour retrouver Dith tandis que celui-ci s’accrochera à la vie, traversant l’enfer avec pour seule pensée, son ami et sa famille qu'il a pu mettre à l'abri…







Avis.


« La Déchirure » retrace le parcours réel de Sydney Schanberg qui obtint le prix Pulitzer en 1976 pour son travail sur le conflit cambodgien. Il put travailler au plus près de la vérité et de la population grâce aux efforts et au courage de son ami et interprète Dith Pran, un journaliste cambodgien qui était employé par le New York Times au titre d’assistant.



Le véritable Syndey Schanberg prenant en note le témoignage d'un soldat traduit en direct par Dith Pran.


Les circonstances étant confuses, ils furent séparés par les décisions arbitraires des autorités militaires chargées des évacuations, en grande partie parce que Schanberg décida de rester jusqu’au dernier instant au Cambodge. Il voulait être le témoin de l’entrée des Khmers rouges dans Phnom Penh, élément qui établirait une fois pour toute la fin du régime républicain mis à place consécutivement à la décolonisation française de l’Indochine et de la fin de la royauté dans les années 60.

Sans en dire trop, je peux tout de même vous dévoiler que l’amitié qui lie ces deux hommes est le point de mire du titre français de ce film qui est passé de « The Killing Fields » ou les champs de la mort à « La Déchirure » pour mieux symboliser à la fois cette séparation violente, promesse de tourments moraux pour eux deux et de mort pour Dith Pran, mais aussi la vraie déchirure que la répression et le régime nouveau de Pol Pot imposa au Cambodge et à son peuple.

Prenez les pires exemples de chaque régime communiste connu, conjuguez les et vous avez une idée de ce que le peuple cambodgien a enduré par la suite… A travers l’odyssée de Dith Pran vers la liberté, on aperçoit des clichés de cette horreur sans nom qui fut gardée sous silence pendant des dizaines d’années. Camps de travail forcé, répression et mise à mort systématique des intellectuels, lavages de cerveaux des enfants afin qu’ils soient tout entiers dévoués au Parti et non plus à leur famille ou leur propre vie…

Ce film est un travail exemplaire car il n’est ni un documentaire ni un déroulement incessant de violences sans sens autre que l’exposition choquante de la réalité. C’est un épisode de ce siècle passé empreint de cauchemars qui montre les dérives politiques et sanglants en opposition à l’attachement que se portent deux hommes que tout sépare mais sont unis dans une communauté de pensée et d’idéaux. On apprend beaucoup en regardant « La Déchirure »…




La prestation des comédiens est sans autre commentaire époustouflante de réalisme, aidée par des décors, une mise en scène qui nous plonge avec eux dans le guerre. Sam Waterston est un journaliste ambitieux prêt à tout pour sa vocation et la reconnaissance de son travail.




On sent que son personnage fait cela avec une profonde volonté de dénoncer mais aussi une belle dose d’orgueil, défaut qui va lui coûter cher et plus encore à son ami. Haing S. Ngor qui est dans la peau de Dith Pran, mérite amplement ses récompenses d’acteur tant on y croit. On voyage avec lui à travers un Cambodge jonché de champs de la mort, on partage son chagrin, sa peur, ses espoirs, on tremble pour lui. John Malkovitch qui joue ici un photographe laisse deviner un grand potentiel qu’il a pu évidemment exploiter dans ses films suivants.

On passe la moitié du films à suivre le travail de Syndey et Dith et la seconde moitié à les regarder subir les conséquences de leur audace, de leur affection l’un pour l’autre mais aussi pour ce pays magnifique devenu terre brûlée et anti-chambre de l’enfer…

Au milieu de la noire destinée des hommes, il existe des histoires extraordinaires qui rendent confiance en l’avenir et méritent d’être contées, d’autant plus lorsqu’elles sont vraies…




 
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