The Lady

The Lady
par ana

Titre Original :
Realisateur :
Producteur :
Distributeur :
Acteurs :
Genre :
Année de sortie :
Origine :

  
  

idem 
BESSON Luc 
Europa Corp, LeftBank productions, France 2 Cinéma 
Europa Crop
Michelle Yeoh, David Thewlis, William Hope, Jonathan Raggett, Jonathan Woodhouse, Benedict Wong… 
Biographie, guerre, drame 
2011 
France, Royaume-Uni, Thailande, Malaisie 

 
 




Scénario : Rebecca Frayn
Sortie : 18 nov 2011
Durée : 127 min


Synopsis.


1947, Rangoon, Birmanie.

La petite Aung San Suu écoute son père lui conter l’histoire de la Birmanie, celle des contes et de rêves. Il termine son récit, l’embrasse et la laisse à sa mère, quittant la maison familiale pour le siège du gouvernement qu’il tente de mettre en place. Trahi, abattu par une escouade, il ne reviendra jamais chez lui.



1988, Oxford, Angleterre.

Aung San Suu Kyi vit avec son époux, Michaël Aris, professeur universitaire d’histoire orientale et mène un quotidien paisible avec ses deux fils adolescents. Néanmoins, son cœur est mis à mal par les nouvelles télévisuelles rapportant le massacre d’étudiants birmans. Le même soir, un coup de fil lui apprend que sa mère, restée au pays, est mourante. Ni une ni deux, Suu, fait ses valises et prend le premier vol.



Dès son arrivée, du fait même que son passeport mentionne son nom de jeune fille, elle est suivie, épiée, jusqu’à l’hôpital dans lequel séjourne sa mère. Discrètement, Suu observe mais pose peu de questions. Il ne se passe pas plus de quelques heures avant qu’elle ne constate la brutalité de la répression militaire sur des étudiants qui peinent même à se réfugier dans l’hôpital.

Sa mère étant perdue, Suu lui fait quitter les lieux pour qu’elle finisse ses jours en paix, dans sa maison. Cette demeure que Suu a toujours connue est hantée par le souvenir de son père.





Lorsque Michael et leurs fils arrivent à leur tour, ils trouvent la maison sans dessus dessous. Suu accueille des étudiants fuyant la junte. Alors qu’elle ignore combien on la surveille déjà, elle voit venir à elle des professeurs universitaires soutenant les étudiants. Ils lui demandent de reprendre le flambeau laissé par son père, leur héros, et d’utiliser la renommée de son nom afin d’amener la Birmanie vers la démocratie. Un combat inégal est sans loi commence pour Aung San Suu Kyi…









Avis.



Bien que vive partisane du cinéma de Luc Besson, et ayant défendu ce film avant de le voir pour son mérite d’exister, son sujet et parce que les critiques cinéma s’acharnent depuis toujours sur Besson, j’avoue tout de même comprendre certains articles grognons…



Commençons par ce qui est réussi.

Décors, ambiance, jeu d’acteurs, rien à dire. Question photographie, du bonheur : on passe habilement du froid glacial, gris et pluvieux de l’Angleterre où sont obligés de demeurer, la majeure partie du temps, les proches de l’héroïne faute d’obtenir le droit de fouler le sol Birman, à la chaleur moite, au soleil et aux couleurs chatoyantes de la Birmanie. Besson offre un décor de carte postale en opposition à une Europe somnolente dans son cocon de tranquillité, bien insouciante des malheurs du monde. Mais pas que…



Bien que tourné en Thaïlande pour des raisons de sécurité, ce film présente les recoins de la Birmanie, ses peuples vivant en tribus, dans les montagnes ou les campagnes, mais aussi les rues et ruelles tortueuses de sa capitale. On voit une population partagée en plusieurs catégories : lettrés, marchands, étudiants, moines, paysans, illettrés… Et tous sont aux mains d’un dictateur paranoïaque et étrangement superstitieux. Les soldats de la junte semblent sortis d’une autre planète tant ils sont sauvages, prompts à tuer, violents… Bref difficile de penser qu’ils sont tous issus de la même population… Mais on peut penser cela de bien des soldats servant un régime totalitaire de par le monde !

Le jeu de Michelle Yeoh et de David Thewlis est remarquable d’honnêteté, de justesse, de sensibilité.






Ils ne jouent en rien les vedettes, ils servent une histoire qu’ils portent à bout de bras, ou simplement l’Histoire avec un grand H. L’ensemble des figurants, parfois des Birmans ayant vécu les faits et apparaissant dans le film sans être cités au générique par mesure de sécurité, forme un groupe uni et crédible, que les comédiens incarnent des soldats rageurs ou des militants persécutés mais décidés.





Pour le reste, soyons clairs.

Le postulat du scénario est de présenter le parcours d’Aung San Suu Kyi entre 1988 et 1999, soit la part de son existence qui a basculé : son retour en Birmanie, son engagement politique, les répercussions grandissantes sur sa vie personnelle jusqu’à son « emprisonnement » officiellement nommé « mise en résidence surveillée » par la Junte. Jusqu’à cet instant crucial de son action, le film se déroule avec logique, rythme et si l’on n’entre pas dans les détails des propositions faites au peuple, on en retient l’essentiel (obtenir des élections libres et légales pour avancer vers la démocratie et le respect des droits de l’homme). On peut imaginer plus que constater la nature des horreurs imposées au peuple par les militaires soit par certains dialogues (Aung San Suu Kyi apprend qu’on arrête des gens venus assister à ses meetings pour les condamner aux travaux forcés servant le trafic de drogue qui enrichi le régime ou les obliger à marcher sur des champs minés jusqu’à ce qu’ils meurent tous) soit par des images qui parlent d’elles-mêmes (leur traitement en prison, mis en cage comme des animaux, face à des chiens de combat qui ont franchement l’air d’avoir faim…). Besson et la scénariste ont donc placé Aung San Suu Kyi dans une campagne qui l’obligeait à visiter toute la Birmanie pour toucher les populations les plus reculées, on visite donc avec elle. En parallèle, on voit l’engagement de son époux côté Angleterre qui non seulement reprend le rôle de la mère au foyer avec quelques écueils gastronomiques mais surtout imagine et engage les démarches nécessaires au soutien de l’action de son épouse par les autorités internationales.

Et c’est ainsi, doucement que le scénario bascule… Sans nul doute, le choix de préserver le point de vue intimiste du sacrifice familiale et amoureux consenti par Aung San Suu Kyi est risqué et louable mais on reste sur l’impression qu’il nous manque des éléments pour comprendre son parcours dans son intégralité.



Ce que j’entends ici est que si l’on ne connaît pas déjà le personnage et ces années de combat pacifique et donc d’usure psychologique et morale, on peine à suivre Besson. Les acteurs donnent tout ce qu’ils ont pour nous faire entrer dans ce drame pourtant, on ne réalise pas que sur ces 11 ans écoulés, Aung San Suu Kyi n’a revu son mari et ses fils que quelques mois en tout et pour tout.



On passe aussi sur les aléas incroyables d’incohérence et de bêtises de son assignation à résidence (on comprend qu’elle est isolée, sans TV, sans téléphone, ne pouvant pas sortir donc contacter les siens puisque dans son jardin s’est installé un poste de gardes) car nous n’avons droit qu’à un évènement politique débouchant sur la fin de son enfermement et non aux nombreux prétextes utilisés pour la contraindre de nouveau dans cette maison de son enfance. Les dernières images montrent la révolte des moines de 2007 qui a éveillé le monde entier à la cause Birmane et au combat stupéfiant de courage de cette si frêle mais grande Dame. Car s’il y a un point sur lequel on ne peut qu’être tous d’accord c’est qu’Aung San Suu Kyi est véritablement « The Lady ».



Un film à voir pour son engagement, pour mémoire, pour le jeu des comédiens, pour ce qu’il représente, pour s’éveiller et ensuite chercher à en savoir plus ! Parce que la tragédie Birmane est restée trop longtemps muette aux oreilles du monde.










 
Réagir sur le forum Revenir en haut