Nuit des morts vivants (La)

Nuit des morts vivants (La)
par ana

Titre Original :
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Acteurs :
Genre :
Année de sortie :
Origine :

  
  

Nigth of the living dead 
George A. Romero 
Laurel Production, Image Ten 
Walter Read Organization
Duane Jones, Judith O’Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne, Judith Ridley, Kyra Schon 
horreur, fantastique, suspense, zombie 
1968/1970 
USA 

 
 





Scénario : George A. Romero, John Russo
Sortie : 1968
Durée : 96 min


Résumé.


Un jour banal, Barbara et son frère Johnny font le long trajet en voiture qui les ramène dans leur petite ville natale de Pennsylvanie, jusqu’au cimetière dans lequel repose leur père. C’est une coutume annuelle qui agace Johnny. Il passe donc ses nerfs sur Barbara, s’amusant tantôt à lui répéter que c’est idiot de se torturer ainsi les sentiments, tantôt à lui promettre que les morts vont sortir de leur tombe et l’attaquer.




Il profite du fait que la jeune femme avait une peur des cimetières lorsqu’elle était enfant. Enervée, Barbara le rabroue et s’isole devant la pierre tombale de leur père. Un homme s’approche, d’une démarche peu sûre, comme hachée. Plus il s’approche, plus il apparaît que son visage est livide et porte de traces de coups et de sang séché. Mais les deux autres n’ont pas le temps de lui demander ce qui lui est arrivé qu’il se jette sur Barbara. Johnny s’interpose pour la défendre. Aussitôt le bonhomme retourne sa rage inexplicable sur lui et la bagarre se termine tragiquement : Johnny tombe raide mort, la tête fracassée conte le marbre d’une tombe. Terrorisée, Barbara fuit.




Elle ne peut reprendre leur voiture car les clés sont restées dans les poches de son frère et il est hors de question de faire demi-tour. D’autres êtres à l’allure étrange et agressive se joignent au premier alors elle court et pense trouver de l’aide dans une ferme. Malheureusement, celle-ci semble abandonnée.




Quoi que… Un mastodonte se dresse soudain au détour d’une pièce, prêt à la tuer, quand un homme surgit et l’abat. Barbara est tétanisée, choquée. Elle est incapable de répondre aux questions de son sauveur qui la harcèle pour savoir si elle a une voiture, un moyen de fuir. Comprenant qu’il doit d’abord la calmer, l’homme se présente : il se nomme Ben, il a lui aussi été attaqué sans raison par des êtres qui ne sont pourtant que des cadavres. Il fuit également, sa voiture est en panne à quelques kilomètres de là. Aucune information ne filtre à la radio mais il sait que ces gens sont morts et pourtant se relèvent et veulent se nourrir des vivants. Le seul moyen de survivre est de les frapper à la tête jusqu’à ce qu’ils ne se relèvent plus. Coincés par la nuit proche, Ben et Barbara décident de rester dans la maison et de tenir le siège. Mais des bruits étranges annoncent qu’ils ne sont pas seuls…










Avis.


Georges A. Romero est un grand maître et un pionnier des films d’horreur des années 70 et sans nul doute le maître des films de zombies. Il fut le premier à les mettre en scène d’après un scénario qu’il avait écrit. Il a eu du mal à trouver le financement pour ses projets. Mais dès qu’il eu terminé ses études de cinéma en 1961, il a créé sa petite maison de production avec des amis de promo, Image Ten, pour être libre dans sa création. Quelques années sont nécessaires pour réunir les fonds d’un long métrage puisque chaque membre de l’équipe met finalement la main à la poche : le montant total est de 6 000 dollars, somme dérisoire, mais qui permet de tourner des premières images convaincantes pour obtenir un financement final de 114 000 dollars auprès de Laurel Production.

L’équipe est donc réduite au minimum : Romero lui-même est à la fois réalisateur, co-scénariste, monteur et chef de la photographie, Karl Hardman est co-producteur et acteur sans compter qu’il remplace au pied levé Tom Savini, le maquilleur, envoyé au Viêt Nam !



Pourtant, la vision de Romero tombe à point pour relancer une industrie du cinéma US qui perd du terrain face aux productions TV surtout au niveau de la variété des thématiques abordées. Les histoires d’horreur, la violence, le sexe deviennent de nouvelles pistes mais cela reste flou et oblige souvent les cinéastes à jouer sur plusieurs tableaux afin de convaincre les investisseurs encore frileux, quitte à sacrifier la vision initiale de « leur cinéma ». Romero pense très tôt à la difficulté que représenteront la promotion et la distribution de ce genre de films peu ou pas connu mais déjà interdit aux moins de 16 ans par la censure. Il envisage donc de séduire les cinémas en plein air plutôt que les salles, ce qui rend l’ensemble du projet assez bancal. Il faut compter sur l’appétit du public et sa curiosité pour la nouveauté.






L’histoire de base de Romero est inspirée par « Je suis une légende », le roman de Richard Matheson. Mais il doit choisir entre l’intensité dramatique et l’horreur en elle-même, question de moyens… Aidé de John Russo au scénario, il opte donc pour de l’horreur aussi réaliste que possible, sur une pellicule en noir et blanc, ce qui nécessite donc peu de maquillage.




Le titre original était « Night of the Flesh Eaters » mais il fut changé par le distributeur juste avant la commercialisation en « Night of the Living Dead ». Problème : aucune mention aux lois du copyright n’apparaît sur la bande ! Résultat, le film tombe dans le domaine public et connait une innombrable série de copies médiocres et des exploitations de sous-labels… et surtout, l’équipe du tournage ne profite d’aucun bénéfice ni rentrée d’argent ! Au final, Romero qui a fait son chemin avec d’autres succès (« Zombie », « Le jour des morts-vivants ») décide du tournage d’une seconde version en 1990, en couleurs avec plus de moyens et d’effets spéciaux mais un scénario identique, plan par plan. Il en confie la réalisation à son collaborateur Tom Savini, spécialiste des effets spéciaux ayant manqué le premier tournage car envoyé au Viêt-Nam.







Ce second film est une copie conforme du premier à ceci près qu’il n’y a pas les mêmes comédiens. C’est malheureusement de cet opus que je peux vous parler le plus question image puisque je n’ai jamais vu l’autre.








L’aspect intemporel des lieux, perdus en pleine campagne, aide beaucoup à ne pas trahir la version initiale.


Version 1968



Version 1990


De même que le choix des comédiens : Patricia Tallman et Tony Todd (Mr « Candyman ») reprennent en cœur le jeu de leurs prédécesseurs, si ce n’est qu’ils ont le look de leur époque. Mais le parti pris de départ reste inchangé : une jeune fille blanche fait une équipe improbable avec un homme noir face à l’horreur et la nécessité de survivre. Pourquoi improbable ? Et bien disons qu’en 1968, époque qui a connu des conflits raciaux meurtriers dans tous les Etats-Unis, des émeutes, présenter une faible fille de bonne famille trouvant soutien et sécurité auprès d’un homme noir tout droit sorti d’on ne sait où et le tout en pleine campagne déserte, c’est tout de même engagé. Romero a donné le rôle principal masculin à un acteur noir, chose très très rare alors, et le montre comme le plus courageux, le plus censé, réfléchi, calme du petit groupe de survivants, subissant les reproches d’une partie d’entre eux, ne trouvant pour alliée que la jeune fille qu’il est venu aider.




De même, à cette époque où les héroïnes étaient des femmes en détresse sentimentale ou vitale sauvée par un preux chevalier, le personnage de Barbara gagne en force, en appétit de vivre face au danger.



Le rythme est sans stop, sans pause autre que pour un suspense haletant qui précipite un peu plus l'histoire dans un cauchemar sans raison ni fin définies. Le spectateur ne peut qu'anticiper un peu mieux à chaque plan qu'elle sera la suite immédiate mais à aucun moment il ne voit, pas plus que les personnages, d'échappatoire sur le long terme.

A travers son regard, Romero fait passer plus d’un message : la lâcheté des uns, la bêtise des autres, la barbarie qui lentement change de camp pusiqu’au final, ce ne sont plus les zombies qui semblent des monstres mais bien ceux qui les chassent, oubliant qu’ils furent humains, que ces corps sans vie mais dévorés d’une faim sans nom pourraient être celui d’un être cher pour se livrer sur eux aux plus abjectes sévices comme autant de jeux.

Si l’intrigue paraît banale, brute et sans finesse, « La Nuit des Morts Vivants » laisse apparaître sous une surface de sensations fortes, un propos politique et moral profond qui ne s’enlise ni ne s’égare.



Georges A. Romero et Stephen King, une amitié de dizaines d'années...


Pas étonnant que Georges A. Romero soit encore considéré comme le maître des zombies au cinéma et ai encore réalisé quelques spécimens de qualité : « Le territoire des morts » (2005), « Chronique des morts-vivants » (2008), « Le vestige des morts-vivants » (2009).



Sources : Wikipédia, Google images, youtube




 
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